Depuis le 27 juin, les militants français de la Flottille de la liberté attendent de pouvoir appareiller vers la bande de Gaza. Et chaque fois qu'il a été question de partir, les autorités grecques les en ont empêchés.
Rien ne les arrêtera. Retenus depuis une semaine dans les eaux territoriales grecques, les organisateurs de la flottille internationale – qui compte dix navires au total, dont neuf sont amarrés en Grèce, et un en Turquie - destinée à briser le blocus de la bande de Gaza en apportant de l'aide humanitaire aux Palestiniens, comptent bien lever l'ancre ce lundi. Seulement voilà, si la volonté de prendre le large est là, le passage à l’acte sera difficile.
Depuis le 27 juin, les embarcations de la Flottille de la liberté n'ont pas eu le droit de quitter les ports grecs. Une interdiction d'appareiller que les autorités d'Athènes ont fini par justifier ce dimanche après cinq jours de quasi-silence, dans un communiqué publié par le ministère grec des Affaires étrangères, par des raisons de sécurité. En contrepartie, la Grèce a proposé aux militants de la flottille et à l’Autorité palestinienne d’acheminer elle-même l’aide humanitaire - composée essentiellement de médicaments et de nourriture, vers l'enclave palestinienne en s'appuyant sur "les canaux existants".
"Les Israéliens ont évidemment répondu favorablement à cette initiative grecque", commente Gallagher Fenwick, envoyé spécial de France 24 en Grèce, à bord du "Louise Michel", un des deux navires français de la flottille d'aide internationale. "L'alternative est également saluée par Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies", précise-t-il.
"Briser le blocus"
L'offre reste cependant inacceptable aux yeux de Claude Léostic, vice-présidente de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) et membre du Comité de coordination de la campagne française, contactée par France24.com. "Ce qui nous importe, c’est de briser le blocus [imposé depuis cinq ans par Israël, NDLR] et d'amener directement notre aide humanitaire aux Gazaouis. Toute autre proposition d’Israël ou de la Grèce est irrecevable", explique la militante, embarquée elle aussi à bord du Louise Michel.
Accusé par les militants de céder aux pressions de Tel-Aviv, le gouvernement grec est sévèrement montré du doigt. "Ils ont enchaîné les prétextes administratifs [un des bateaux français n'aurait pas été immatriculé au nom du propriétaire, un autre n'aurait pas de certificat de navigabilité, un troisième n'a pas pu être livré en fuel jeudi matin, NDLR] afin de bloquer les convois, mais cette injonction est complètement illicite. La vérité, c'est que le gouvernement obéit aux instructions israéliennes", estime encore Claude Léostic. "En agissant de la sorte, les autorités s’opposent au Traité de Rome et à la libre circulation des citoyens dans l'espace Schengen. Ils ne peuvent pas nous retenir", explique-t-elle.
"Nous ne resterons pas les bras croisés"
Selon la vice-présidente de l'AFPS, braver l’interdiction des autorités est donc la seule solution envisageable pour sortir de cette impasse et résorber la frustration des militants, qui attendent à Athènes depuis le début de la semaine dernière. "Quels que soient les obstacles, nous réessaierons de partir", insiste-t-elle. "Nous hisserons les voiles ce lundi vers midi et advienne que pourra", lance-t-elle encore, bien consciente toutefois de l’échec probable de la mission. Car quitter les eaux territoriales grecques relève de l’exploit. Vendredi, le bateau américain Audacity of Hope avait déjà tenté de prendre la poudre d’escampette. Résultat : moins d’une heure après le départ, les garde-côtes grecs ont arraisonné le convoi et arrêté son capitaine, John Klusmire, âgé de 69 ans.
Reste maintenant à savoir comment se déroulera la suite des opérations. "Pour l'instant, le moral des troupes est plutôt bon", estime Gallagher Fenwick. De son côté, Claude Léostic préfère ne pas en dire trop pour ne pas mettre en péril la mission. "Nous serons plusieurs bateaux à partir, mais nous ne pouvons pas vous en dévoiler davantage. Il y aura peut-être des Canadiens, des Hollandais... Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous ne resterons pas les bras croisés."