
L'annonce d'un possible effondrement des accusations de tentative de viol et d'agression sexuelle portées à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn donnent lieu à de multiples réactions sur la scène politique française.
En France, les révélations faites ce vendredi par le New York Times (NYT) d'un effondrement possible des accusations portées à l'encontre de l'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) ont été accueillies avec soulagement par les proches de Dominique Strauss-Kahn et les cadres du Parti socialiste (PS).
La première secrétaire et candidate à la primaire du PS en vue de la présidentielle de 2012, Martine Aubry, a ainsi immédiatement émis le vœu que la justice américaine "établisse dès ce soir toute la vérité". "Je voudrais dire que les nouvelles qui nous sont parvenues cette nuit de la presse américaine me procurent une immense joie comme à tous les proches de Dominique", a-t-elle déclaré dans une courte déclaration faite depuis Lille, dont elle est maire.
Martine Aubry est entrée en campagne mardi dernier. Un pacte - jamais confirmé par les intéressés - l'aurait liée à DSK. Selon ses termes, l'un ne se présenterait pas contre l'autre. L'ex-patron du FMI hors course, celle-ci avait alors décidé de se lancer.
Autre candidat déclaré à la primaire socialiste, le député de Corrèze François Hollande a sobrement souhaité, dans une déclaration à l'AFP, que l'audience du tribunal de New York qui doit se tenir dans la journée fasse "tomber toutes les charges" retenues contre DSK.
Partagé entre enthousiasme et prudence, le député socialiste de l'Essonne Julien Dray s’est exprimé sur l’antenne de FRANCE 24. "Il faut rester prudent et ne pas se livrer à des spéculations. Maintenant, il est évident qu’on est au bord d’un tsunami judiciaire (…). Le NYT n’est pas un journal qui s’engage à la légère, d’autant plus qu’il avait énormément chargé DSK dans la phase précédente", a-t-il déclaré.
De son côté, le député socialiste Claude Bartolone ironise : "Il n'y a qu'un seul truc qui me fait plaisir - en dehors de cette espérance qui réapparaît dans la vie de Dominique Strauss-Kahn, d'Anne Sinclair et de toute leur famille -, c'est la tête que doit faire Sarkozy aujourd'hui et toute la droite qui a voulu avec cette affaire éliminer le Parti socialiste au niveau moral", a-t-il dit sur I>Télé.
Certains députés appellent à suspendre la primaire socialiste
L’article du NYT a revigoré les proches de l’ancien directeur du FMI. "La réhabilitation de Dominique Strauss-Kahn, le fait que les accusations terribles qui ont été portées contre lui s'effondrent prouvent que tous ceux qui ont spéculé sur sa disparition politique devront maintenant compter sur une personne (...) qui sera bientôt libre de ses mouvements et qui pourra regarder les Français les yeux dans les yeux", a dit le député de Paris Jean-Marie Le Guen sur France Info.
Le député PS du Doubs Pierre Moscovici estime, lui, que les révélations du NYT constituent "une nouvelle incroyable". "Ma première réaction est une réaction de prudence. J'attends la décision de la justice. C'est une réaction d'espoir (...) que son innocence soit démontrée, son honneur retrouvé", a-t-il ajouté sur France Info
Le député-maire socialiste de Sarcelles, François Pupponi, s’est montré plus offensif. Il affirme qu'un retour en politique de Dominique Strauss-Kahn est possible s'il est innocenté, à condition qu'il en ait envie. "Il était le meilleur candidat pour tout le monde avant le 15 mai. Il est accusé de choses terribles. Et si effectivement il est blanchi, pourquoi n'aurait-il pas le droit d'être candidat à la présidentielle ?", s'est interrogé celui-ci sur LCI.
La vice-présidente socialiste du Conseil régional d'Ile-de-France, Michèle Sabban, a réclamé, de son côté, que "l'on suspende le processus des primaires". Elle s’est étonnée, auprès de l’AFP, "que ces informations sortent au lendemain" de la désignation de Christine Lagarde à la succession de M. Strauss-Kahn à la tête du FMI. "Cela confirme que l'idée d'une manipulation devient plausible", a-t-elle poursuivi.
Réaction timide de la majorité
Du côté de la majorité, les réactions sont plus rares. "Il faut attendre la décision de la justice américaine (...), mais cette histoire prouve qu'on parle trop et trop vite", a déclaré le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, sur Europe 1. "Il y a beaucoup de gens qui ont parlé à tort et à travers, trop et trop vite."
Bernard Debré, le député UMP de Paris qui avait porté les attaques les plus virulentes contre DSK, fait profil bas."Je reconnais tout à fait que je suis allé trop vite. Mais il faut voir dans quelles circonstances (…). J'ai 'sur-réagi' parce que j'ai trouvé, connaissant une partie de l'affaire Banon et un certain nombre de choses, que c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase", a-t-il confié sur l’antenne de BFM TV.
Enfin, aucune réaction de Nicolas Sarkozy n’a été enregistrée, conformément à l’attitude de la présidence de la République depuis le début de l’affaire DSK. "L’Élysée a toujours eu la même position : ne faire aucun commentaire", a-t-on déclaré dans l'entourage du président, selon l’AFP.