Le New York Times révèle que des informations contenues dans un téléphone portable, retrouvé lors du raid qui a tué Ben Laden, ont permis de remonter à des membres d'Al-Qaïda en contact avec les services de renseignements pakistanais.
AFP - Un téléphone portable saisi sur un complice lors du raid américain qui a tué Oussama Ben Laden en mai au Pakistan a permis de remonter à un groupe islamiste lié à Al-Qaïda, lui-même en contact avec des membres du renseignement pakistanais, a rapporté vendredi le New York Times.
Des appels passés avec ce portable ont permis aux enquêteurs américains de remonter à des chefs du Harakat ul-Mujahideen (HUM), groupe armé interdit depuis 2002 au Pakistan, selon des responsables américains cités par le quotidien américain.
Le HUM figure depuis plusieurs années sur la liste dressée par le Conseil de sécurité des Nations unies des groupes liés à Al-Qaïda.
Toujours selon les responsables américains anonymes cités par le NYT, les chefs du HUM identifiés grâce au téléphone portable ont eux-mêmes téléphoné à des membres des services secrets pakistanais, mais ils ne précisent pas lesquels et à quel niveau.
"C'est une piste sérieuse", a déclaré un responsable américain au NYT. "Nous enquêtons dans cette voie".
Depuis le 2 mai, les Etats-Unis ont toujours estimé que Ben Laden avait pu vivre des années dans une villa d'une ville-garnison à trois heures de route d'Islamabad grâce à des complicités de groupes d'insurgés et laissé entendre que certains membres isolés du renseignement ou de l'armée pakistanaise pourraient aussi l'y avoir aidé.
"Une campagne de diffamation" selon l'armée pakistanaise
Un porte-parole de l'armée pakistanaise a catégoriquement rejeté les assertions du quotidien américain, estimant qu'elles faisaient partie "d'une campagne de diffamations" contre les forces de sécurité.
"Cela fait partie d'une campagne de diffamations bien orchestrée contre nos forces", a déclaré ce porte-parole dans un communiqué, ajoutant qu'il rejetait les "insinuations" du New York Times américain.
"Le Pakistan et ses forces de sécurité ont souffert le plus des actions d'Al-Qaïda et ont déployé le plus d'efforts pour combattre cette organisation. Nos actes sur le terrain parlent bien plus fort que les mots du Times", a ajouté le porte-parole.
Jeudi, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton avait une nouvelle fois écarté la complicité de hauts responsables pakistanais dans la cache de Ben Laden. "Selon les informations que nous avons, nous pensons que les responsables pakistanais ont réellement étaient surpris", a-t-elle souligné.
Un autre responsable américain a dit au NYT que les appels tracés à partir du portable saisi sur le complice de Ben Laden, également tué lors du raid, ne constituaient pas une preuve irréfutable liant le défunt chef d'Al-Qaïda à l'ISI, les puissants services de renseignement pakistanais.
Un responsable des services secrets pakistanais a déclaré pour sa part à l'AFP que l'ISI ne disposait pas de l'historique des communications du portable. Sur le ton de la plaisanterie, il a ajouté que "tout le monde pouvait passer des appels avec ce téléphone".
Mais le responsable pakistanais s'est refusé à tout autre commentaire sur l'article du New York Times et sur la nature des liens entre l'ISI et Harakat ul-Mujahideen.
Ce groupe islamiste militant, qui est également inscrit sur la liste des organisations terroristes par les Etats-Unis, est installé au Pakistan.
Selon son site internet, le groupe a été fondé en 1985 durant le jihad mené contre les forces soviétiques en Afghanistan. Il était devenu un allié des talibans qui avaient pris le pouvoir en 1996.
HUM avait été accusé du détournement d'un avion indien vers Kandahar (Afghanistan) en décembre 1999, qui avait permis la libération en Inde du militant pakistanais Masood Azhar. L'enlèvement avait aussi permis la libération de Ahmed Omar Sheikh, qui avait été reconnu coupable ensuite de l'enlèvement et du meurtre en 2002 au Pakistan du journaliste américain Daniel Pearl.