Un groupe d'opposants syriens a annoncé dimanche la création d’un "Conseil national" dont le but est de "faire chuter" le régime du président Bachar al-Assad. La question de sa légitimité reste toutefois en suspens...
Un groupe d'opposants syriens a annoncé dimanche la création d’un "Conseil national" ayant pour "but légitime de faire chuter" le régime du président Bachar al-Assad, en proie à une vague de contestation sans précédant depuis trois mois. Jamil Saïb, son porte-parole, a précisé lors d'une conférence de presse organisée non loin de la frontière turco-syrienne que cette instance était composée de "toutes les communautés [religieuses, NDLR] et de représentants des forces politiques nationales de l'intérieur et de l'extérieur de la Syrie".
Compte tenu de l’absence totale de transparence de l'information en Syrie, la légitimité de ce conseil reste toutefois difficile à apprécier. "Il est trop tôt pour savoir au nom de qui s’exprime ce groupe d’opposants. Avec le chaos politique actuel, n’importe qui peut se proclamer 'Conseil national' ou 'Conseil de transition', sans légitimité", a déclaré sur l’antenne de FRANCE 24 le militant politique syrien Bachar Issa, dimanche soir.
"J'ai appris son existence dans les médias"
Les noms de plusieurs opposants connus ont été cités à cette occasion. Parmi eux, Abdallah Trad el-Moulahim, Mamoun el-Homsi, Cheikh Khaled al-Khalaf, Haitham el-Maleh, Souhair al-Atassi et Aref Dalila. Ces trois derniers sont toujours en Syrie.
Certains d'entre eux rejettent cependant toute appartenance à ce "Conseil national". Joint ce lundi au téléphone par FRANCE 24, le professeur d’université Aref Dalila nie ainsi avoir participé à toute initiative de ce genre. "Personne ne m’a contacté au sujet de ce Conseil national. J’ai appris son existence dans les médias", affirme-t-il depuis Damas.
Celui-ci déclare par ailleurs avoir entendu la militante syrienne des droits de l'Homme Souhair al-Atassi, qui se cache quelque part en Syrie, déclarer sur une chaîne de télévision satellitaire "ne pas être au courant non plus de la création d’un tel conseil". Son nom avait également été cité par le "Conseil national", qui a appelé la population "à coopérer dans toutes les villes et provinces de Syrie pour réaliser le but légitime de faire chuter le régime et le traduire en justice".
Jusqu’alors, l’opposition syrienne en Europe s'était réunie le 5 juin à Bruxelles et avait appelé la communauté internationale à augmenter la pression sur le président Assad, appelant en même temps à des enquêtes indépendantes sur la répression. La conférence avait été organisée dans la foulée de celle du 1er juin à Antalya, en Turquie, à l'occasion de laquelle les délégués avaient exigé la "démission immédiate" de Bachar al-Assad.