
La militante basque Aurore Martin a participé samedi à une réunion publique à Biarritz. Cible d'un mandat d'arrêt européen lancé par l'Espagne en octobre, elle pourrait être rapidement arrêtée malgré le soutien d'élus locaux en France.
AFP - La militante basque française Aurore Martin, 32 ans, qui se cachait depuis le 21 décembre pour échapper à l'exécution d'un mandat d'arrêt européen, est sortie de la clandestinité samedi pour participer à une réunion publique sur ce thème à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques).
Elle a reçu notamment la visite amicale de l'ancien chef d'Iparretarrak Philippe Bidart, et s'est dite à la fois "surexcitée" de retrouver les siens mais "réaliste" à la perspective d'une arrestation.
La militante est restée plusieurs heures dans la coulisse de cette réunion publique, où elle a reçu ses parents Francis et Jackie, très émus. Elle devait apparaître sur scène dans la soirée.
Aurore Martin, qui risque à présent d'être arrêtée à tout moment pour être envoyée en Espagne en vertu du mandat d'arrêt, a indiqué à une correspondante de l'AFP qu'elle "revenait pour pouvoir reprendre (ses) fonctions" à la direction de Batasuna, formation autorisée en France mais interdite en Espagne pour ses liens présumés avec le groupe indépendantiste armé ETA.
"Je me suis préparée psychologiquement, judiciairement la boucle est bouclée, je ne me fais pas beaucoup d'illusions, je vais être arrêtée et incarcérée dans les geôles espagnoles", a constaté Aurore Martin, "mais je ne suis pas dans la fatalité, je ne me rends pas".
Elle a observé qu'elle "ne revient pas à n'importe quel moment puisque le contexte a évolué avec les élections en Espagne et le parti Bildu qui a obtenu des sièges importants".
Les indépendantistes basques de la coalition Bildu ("ensemble" en basque) ont en effet créé la surprise aux élections municipales en Espagne fin mai, devenant la deuxième force politique du Pays Basque. L'un des leurs, Juan Carlos Izaguirre, a été élu maire de Saint-Sébastien, une des trois grandes villes de la région, un succès écrasant pour cette formation qui n'avait été autorisée que de justesse par la justice espagnole.
Aurore Martin a cependant reconnu "avoir peur de l'impact répressif espagnol". "Je vais être jugée par un tribunal d'exception, le même qui a jugé (et interdit, ndlr) Batasuna, je suis réaliste", a ajouté la militante.
En attendant son arrestation, Aurore Martin, apparemment en forme et très joyeuse, a dit "être surexcitée, avoir envie de parler aux gens".
Philippe Bidart, 58 ans, deux fois condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et actuellement en liberté conditionnelle à Béziers (Hérault), avait mis à profit une permission au Pays Basque pour la rencontrer. Il l'a trouvée "en pleine forme et très courageuse" à la perspective de son incarcération.
Le sénateur-maire centriste de Biarritz, Didier Borotra, qui fait partie des nombreux soutiens dans le monde politique et associatif d'Aurore Martin, s'est dit pour sa part "solidaire de la résistance" de la jeune femme, accusant la justice française de se faire "l'exécuteur des décisions judiciaires espagnoles".
Elle fait l'objet d'un mandat d'arrêt émis à son encontre le 13 octobre 2010 par un magistrat de Madrid pour "participation à une organisation terroriste" et accepté par la justice française.
Elle a annoncé le 21 décembre qu'elle entrait en clandestinité, mais le 3 juin, elle a indiqué vouloir "recommencer une vie publique normale". On pressentait que cette journée du 18 lui en serait l'occasion.
Aurore Martin avait été candidate pendant sa clandestinité aux élections cantonales sur la liste de la coalition de la gauche abertzale (patriote, en langue basque) EH Bai, comme suppléante pour le canton de Tardets, dans la province basque de la Soule.