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La grogne contre les réformes Pécresse monte d'un cran

À la veille d'une manifestation nationale des enseignants-chercheurs contre les réformes de leur statut, le premier syndicat de l'enseignement supérieur français et des présidents d'universités ont rejeté les propositions de concertation.

REUTERS - La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a nommé lundi une médiatrice alors que la colère contre ses réformes sur le statut des enseignants-chercheurs gagne du terrain.

Claire Bazy-Malaurie, présidente de chambre à la Cour des comptes, devra prolonger à ses côtés la concertation sur son projet de décret, précise la ministre dans un communiqué.

Elle devra rééxaminer dans les deux mois les modalités concrètes d'exercice des nouvelles compétences découlant de la réforme, en concertation avec les organisations représentatives.

"C'est une manoeuvre dilatoire pour affaiblir la mobilisation", a déclaré à Reuters Jean Fabbri, secrétaire général du Snesup-FSU.

Le premier syndicat de l'enseignement supérieur français et une dizaine de présidents d'universités avaient auparavant rejeté les propositions de concertation présentées par le gouvernement pour sortir de l'impasse.

Les enseignants-chercheurs engagent leur deuxième semaine de mobilisation avec pour point d'orgue une manifestation nationale mardi à Paris après la mobilisation de jeudi dernier, qui a rassemblé près de 50.000 personnes selon les syndicats.

Valérie Pécresse qui doit recevoir mercredi et jeudi les représentants de la communauté universitaire mais pourrait manquer d'interlocuteurs.

Le syndicat Snesup-FSU a en effet annoncé dans un communiqué qu'il ne participerait pas à cette réunion.

"Le Snesup ignorera la pseudo-concertation lancée par Valérie Pécresse mercredi 11", a indiqué le syndicat, qualifiant l'invitation de "farce" et invitant les autres organisations syndicales à faire de même.

Le premier syndicat de l'enseignement supérieur dénonce des "arguments d'autorité et contre-vérités" du gouvernement et appelle à "consolider la grève (...) avec l'objectif de paralyser toutes les activités dans les universités".

 "La nomination d'une médiatrice la veille de la manifestation prouve que le gouvernement et la ministre sont en difficultés", a réagi Jean Fabbri du Snesup.

"Valérie Pécresse tente d'affaiblir et de diviser notre mouvement, elle ne répond pas clairement à notre demande de retrait", a-t-il ajouté.

VICHY?

Une dizaine de responsables d'universités réunis lundi à la Sorbonne à l'appel des présidents de Paris IV-Sorbonne, Paris X-Nanterre et Paris VIII ont abondé dans le même sens.

"Les représentants des universités présents le 9 février à la Sorbonne appellent les deux ministres de l'Education et de l'Enseignement supérieur à retirer tous les projets de réformes controversés, condition nécessaire à la poursuite des négociations et à la relance du nécessaire processus de réforme auquel doit être associée l'ensemble de la communauté universitaire", a dit Pascal Binczak, président de Paris X.

Le président de Paris IV, Georges Molinié, a eu des mots très durs pour le projet du gouvernement.

"C'est le plus grand coup porté à l'école de la République depuis Vichy", a-t-il déclaré après la réunion en faisant allusion aux réformes introduites par le Maréchal Pétain.

"Le ton doit être encore plus dur, c'est la seule façon de s'en sortir", a-t-il encore lancé.

Valérie Pécresse a assuré lundi qu'il existait "des voies de passage" pour sortir du conflit tout en réitérant son refus d'une modification en profondeur du décret.

"Je passe toute ma semaine sous le signe du dialogue parce que je crois que ces malentendus peuvent être levés", a-t-elle déclaré sur Canal+.

 Les enseignants-chercheurs redoutent que le projet de décret réformant leur statut, datant de 1984, accorde trop de pouvoirs aux présidents d'universités, notamment sur la modulation de leurs temps de travail entre l'enseignement et la recherche.