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Les banques françaises très exposées à la crise grecque, selon Moody's

L’agence de notation Moody's a averti mercredi qu'elle risque d'abaisser la note de la Société générale, de la BNP et du Crédit Agricole en raison de leur activité en Grèce. La France est en effet le pays européen le plus exposé à la dette grecque.

Trois des principales banques françaises inquiètent Moody’s. L’agence de notation a prévenu mercredi qu’elle pourrait dégrader la note de la Société générale, de la BNP Paribas et du Crédit Agricole en raison de leurs activités en Grèce. C’est la première fois que l’impact de la crise grecque sur le système bancaire européen est évoqué par l’une des trois agences de notations mondiales - les deux autres étant Standard & Poor’s et Fitch.

L'Allemagne a priori moins exposée que la France

Pourquoi les banques françaises sont-elles ainsi pointées du doigt par Moody’s ? L’Allemagne est en effet bien plus exposée à un risque de défaut de paiement de l’Etat grec ou d’une restructuration de sa dette. Les banques allemandes ont en effet souscrit des emprunts grecs à hauteur de 18,4 milliards d'euros contre 12,6 milliards pour leurs homologues françaises, selon des chiffres de la Banque des règlements internationaux (BRI) datant de septembre 2010.

Mais en Grèce, les banques françaises ne détiennent pas seulement des emprunts publics. Elles ont aussi massivement investi dans le secteur privé, à travers des participations dans les entreprises et les banques grecques. En prenant en compte la dette - publique et privée -, le secteur bancaire français est de loin le plus exposé en Europe (44,3 milliards d'euros, soit 40% de la part de la dette totale grecque détenue par les établissements européens).

"C’est cette double exposition qui justifie l’avertissement de Moody’s", analyse Céline Antonin, économiste spécialiste de la Grèce à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). L’agence de notation souligne d’ailleurs que se sont les prêts accordés par les filiales grecques de la Société générale (General Bank of Greece) et du Crédit Agricole (Emporiki) qui font peser un risque sur les finances de leur maison mère. Emporiki a ainsi prêté 21 milliards d’euros à des entreprises et des particuliers grecs - soit près de 50% des fonds mis de côté par le Crédit Agricole pour assurer sa solvabilité.

Une annonce qui tombe au mauvais moment

Moody’s rappelle ainsi, sans le dire explicitement, que l’austérité imposée par Bruxelles en échange d’une aide financière internationale est susceptible de se retourner contre le secteur bancaire européen tout entier. "Emporiki et General Bank of Greece n’auront en effet de problème que si les crédits accordés ne sont pas remboursés. Avec les cures d’austérité successives, ce risque augmente pour les Grecs", confirme Céline Antonin.

Reste que cet avertissement arrive à un bien mauvais moment. En effet, les États européens tentent actuellement d’inciter les banques et investisseurs privés à participer au prochain plan de sauvetage de la Grèce. "La mise en garde de Moody’s rappelle aux acteurs privés qu’il est de plus en plus risqué de s’engager financièrement en Grèce, ce qui pourrait les dissuader de participer au jeu voulu par les pays Européens", note encore l’économiste.

"C’est l’un des problèmes avec les agences de notation, poursuit-elle. Elles émettent des avis qui continuent d'être pris pour parole d’évangile, alors que leur échec à prédire la crise financière de 2008 montre que leurs notes ne sont qu’un indicateur parmi d’autres." C’est d’autant plus vrai dans le cas présent qu’il ne s’agit que d’un avertissement - comme les agences de notation en émettent souvent. Or, tous les avertissements ne se transforment pas nécessairement en dégradation de la note.