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Finalement, c'est un duel Christine Lagarde vs Agustin Carstens. Le conseil d'administration du FMI a jusqu'au 30 juin pour désigner le successeur de Dominique Strauss-Kahn. Comment cette décision va-t-elle être prise au sein du FMI ?

Ils ne sont plus que deux. La ministre française de l’Économie, Christine Lagarde affronte Agustin Carsten, le directeur de la Banque centrale mexicaine, pour succéder à Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fond monétaire international (FMI).

Celui qui fut, un court moment, le troisième compétiteur, l'Israélien Stanley Fischer, a été écarté en raison de son âge. Si Christine Lagarde apparaît désormais comme la grande favorite de ce duel, il faudra patienter jusqu’au 30 juin pour connaître la décision définitive du FMI. Que faut-il savoir sur cette élection ?

Quelles sont les différences entre les deux candidats ? Cette élection se traduit par l’opposition de deux candidats incarnant des intérêts divergents :  l'une est issue des pays dits riches, et l'autre représente les pays émergents.

Le Mexicain Agustin Carstens s’est élevé contre la mainmise de l’Europe sur le poste de directeur du FMI depuis 1946. Il espère porter la voix des pays émergents qui aspirent essentiellement à une meilleure représentation au sein du Fonds monétaire international. Ce rééquilibrage passerait par une répartition des votes qui prendrait davantage en compte le poids dans l’économie mondial des pays émergents.

Christine Lagarde tente, elle, de se débarrasser de son image d’Européenne. Lors de son entrée dans la course, le 25 mai dernier, elle s’est présentée comme la candidate "universelle", promettant de perpétuer le travail initié par son prédécesseur Dominique Strauss-Kahn. Ce dernier avait en effet engagé en 2008, une réforme du droit de vote au sein de l'institution internationale censée donner plus de poids aux pays émergents.

Sur les dossiers en cours, Agustin Carstens et Christine Lagarde semblent d’accord : la priorité, c'est l’Europe. Le chef actuel de la Banque central mexicaine a ainsi déclaré au quotidien allemand Die Welt, la semaine dernière, que s’il était élu, il "mobiliserait toutes les ressources pour aider l’Europe", mais en apportant un "regard extérieur". Une manière de souligner que Christine Lagarde manque de recul sur ce dossier ?

Quel est le profil idéal du prochain directeur du FMI ? Le 20 mai dernier, l’institution financière a publié une véritable offre d’emploi sur son site. Ce document explique que le futur patron du FMI devra "avoir un parcours exceptionnel dans le domaine de la politique économique, à un niveau de haute responsabilité, et aura à son actif une remarquable carrière professionnelle". Une exigence que les deux candidats remplissent. Agustin Carstens a néanmoins fait toute sa carrière depuis les années 1980 dans le monde économique, tandis que Christine Lagarde n’occupe le poste de ministre de l’Économie que depuis 2007. Avant cela, elle a fait l’essentiel de sa carrière comme avocate d’affaires aux Etats-Unis.

Par ailleurs, le "candidat devra avoir une connaissance confirmée du FMI", peut-on lire dans ce communiqué de l’institution financière. Là encore, Agustin Carstens, qui a été directeur général adjoint du FMI entre 2003 et 2006, a un profil plus "FMI-compatible" que sa concurrente française. Reste cependant que Christine Lagarde bénéficie actuellement de davantage de soutiens que le directeur de la Banque centrale mexicaine.

Que va-t-il se passer avant la décision du FMI ? Le conseil d’administration du FMI doit auditionner les deux candidats retenus avant la fin du mois de juin. Un exercice qui ressemble à un entretien d’embauche au cours duquel Agustin Carstens et Christine Lagarde vont devoir exposer leur vision du Fonds monétaire international et répondre aux questions des administrateurs - aussi bien sur le fonctionnement du FMI que sur les enjeux économiques mondiaux.

Ensuite, le conseil d’administration se réunira pour "pour examiner les atouts des candidats et procéder à une sélection", selon les statuts de l’institution financière.

Comment se passe le vote ? Le 30 juin, le FMI va trancher entre les deux prétendants au poste de directeur. Il a annoncé vouloir trouver un consensus sur l’un des deux noms. En cas de désaccord, un vote des 187 États membres doit permettre de départager Christine Lagarde et Agustin Carstens.

Celui des deux qui aura, alors, le plus de soutiens parmi les pays développés sera alors quasiment assuré de devenir directeur. Selon les règles en vigueur, les Etats-Unis et les pays européens détiennent 48% des voix ,contre seulement 12% pour les pays dits émergents (Brésil, Chine, Russie et Inde).

Si Christine Lagarde est assurée du vote des Européens, les Etats-Unis (17% des votes) ne se sont pas encore officiellement prononcés. Reste que la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, s’est dit, fin mai, favorable "à titre personnel" à la candidature de la ministre française de l’Économie.