
Dans le monde du sport la compétition ne se joue plus seulement dans les stades. Les pays se livrent une vraie bataille pour remporter l’organisation des plus grands évènements sportifs. C’est l’Intelligence Sportive. Le journal de l’Intelligence Economique d’Ali Laïdi s’est rendu à Londres pour enquêter sur UK Sport, l’acteur principal dans la stratégie sportive britannique.
A un an des Jeux Olympiques de 2012, la ville de Londres est en ébullition. L’agence anglaise pour le sport de haut niveau, UK Sport, a invité les fédérations sportives et la presse spécialisée. Elle leur présente les objectifs sportifs anglais à atteindre avant l’ouverture des Jeux.
La mission affichée de l’agence consiste à soutenir les fédérations afin d’améliorer les performances des athlètes nationaux. Mais UK Sport c’est surtout une formidable machine de guerre économique : l’agence est chargée de rafler l’organisation des grandes compétitions sportives internationales.
Depuis 1997, UK Sport investit chaque année plus de 4 millions de livres pour soutenir les candidatures des fédérations sportives nationales. Les dossiers sont étudiés et classées sur une échelle de 1 à 4, la priorité étant donnée aux compétitions susceptibles d’attirer un vaste public, afin d’assurer le retour sur investissement.
Pour la seule année 2011, la Grande-Bretagne organise une vingtaine d’évènements sportifs dans une douzaine de villes anglaises. La directrice de UK Sport, Liz Nicholl, estime que "les retombées économiques de ces évènements devraient être cinq fois supérieures aux investissements".
Dans le monde du sport, il ne s’agit donc plus simplement de remporter des médailles, mais surtout d’attirer les investisseurs pour développer l’économie locale et nationale.
Stratford en est le parfait exemple. Ce quartier industriel, populaire et défavorisé de l’Est de Londres connaît une véritable renaissance grâce aux Jeux Olympiques de 2012. Il accueillera cinq sites principaux dont le grand stade. En quelques années, plus de 3000 nouveaux logements sociaux, et le plus grand centre commercial européen sont sortis de terre. Au total ce sont pas loin de 85 000 emplois qui devraient être créés à l’horizon 2012 … Grâce à UK Sport, la Grande-Bretagne a gagné du temps.
Pour Vincent Chaudel, Vice-président de Sport et Citoyenneté, un Think Tank français spécialisé dans le monde sportif : "Les Jeux Olympiques et les méga évènements ont une capacité d’accélérateur, de déclencheur d'investissements et de projets qui par la suite peuvent générer une dynamique".
"Le modèle anglais est à prendre en exemple car il permet de mutualiser les moyens", estime Vincent Chaudel. Pour ce consultant sportif, il faudrait ainsi commencer à songer à des candidatures européennes plutôt que nationales : "Si on avait une dimension géopolitique il est évident qu'on serait plus efficace au niveau européen. On pourrait imaginer avoir une dimension plus structurée, plus organisée, ce qui suppose qu'on accepte de passer notre tour pour supporter un pays voisin et réciproquement".
A en croire les experts, l’avenir du sport pourrait bien se jouer à Bruxelles …