
Vivement critiquées pour leur gestion de la crise liée à la bactérie tueuse, les autorités allemandes ne souhaitent pas "lever l'alerte" malgré la baisse sensible du nombre de nouvelles infections à la souche mortelle de E.coli.
AFP - Le ministre allemand de la Santé a annoncé mercredi une régression de l'épidémie provoquée par la bactérie mortelle Eceh tout en reconnaissant des ratés de communication des autorités, qui tenaient une réunion de crise à Berlin avec le commissaire européen John Dalli.
"Je ne peux pas encore lever l'alerte" mais "les chiffres de nouvelles infections baissent de manière continue", a dit Daniel Bahr sur la chaîne de télévision ARD. "Cela veut dire qu'il peut certes y avoir de nouveaux cas, et malheureusement aussi des morts supplémentaires, mais le nombre de nouvelles infections baisse de manière sensible".
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Mardi, l'Institut Robert Koch de veille sanitaire avait signalé pour la première fois "un léger repli du nombre des nouveaux cas".
La traque se poursuivait pour identifier l'origine de la contamination par une souche rare et très virulente de la bactérie E.coli entérohémorragique (Eceh), qui a fait 24 morts (23 en Allemagne et un en Suède), et qui se traduit par des diarrhées sanglantes et des troubles rénaux parfois mortels (syndrome appelé SHU).
Les Etats-Unis ont confirmé mardi un cas d'infection chez un patient ayant voyagé en Allemagne et présentant un SHU. Trois autres Américains sont en observation.
Des résultats d'analyse sur des graines issues d'une exploitation horticole du nord de l'Allemagne étaient toujours attendus.
Mais "dans la plupart des cas d'Eceh, dans 80% des cas, la source d'infection n'est jamais identifiée", a rappelé Daniel Bahr.
Les ministres régionaux et fédéraux chargés de la Santé et de la Protection des consommateurs, ainsi que des responsables sanitaires et le commissaire européen à la Santé John Dalli étaient réunis mercredi matin dans une grand hôtel berlinois.
M. Dalli a haussé le ton contre la gestion de l'affaire par l'Allemagne. Il a exhorté "expressément" les autorités du pays à coopérer plus étroitement avec des experts étrangers pour traquer la souche mortelle, dans le journal Die Welt mercredi. La veille, il avait accusé l'Allemagne d'avoir lancé une alerte "non probante" et parlé de "psychose".
La communication de l'Allemagne, avec son système fédéral et des ministres différents dans chaque Land (Etat régional), apparaît brouillonne et le ministre Daniel Bahr a concédé qu'il fallait "l'améliorer".
Certains comme l'Espagne et la Belgique ont accusé l'Allemagne d'alarmisme, avec des conséquences financières chiffrées en centaines de millions d'euros pour les agriculteurs européens -- espagnols en tête puisque leurs produits ont d'abord été désignés, à tort, comme à l'origine de la contamination.
Le ministre allemand a toutefois rejeté l'idée de "créer une nouvelle structure", alors qu'un responsable de l'Institut Max-Planck a plaidé pour la mise en place d'"un chargé de mission fédéral pour la Santé", comme il en existe pour la Culture ou l'Intégration.
Selon Die Welt, l'UE souhaite que des experts américains et japonais contribuent à la traque de la souche. Des diplomates européens critiquent par ailleurs le questionnaire soumis par les autorités allemandes aux malades, écrit le journal: ils le jugent "trop restrictif" car axé sur la consommation de certains types de légumes.
L'UE compte débloquer plus de 150 millions d'euros d'aide pour les agriculteurs européens. Mais le vice-président du groupe parlementaire chrétien de la chancelière Angela Merkel, Johannes Singhammer, a exigé aussi des aides nationales pour les agriculteurs allemands, dans le journal Rheinische Post de mercredi.
Le porte-parole de la fédération du commerce de détail (HDE), Kai Falk, a fait part d'"une chute de 30 à 40% des ventes de fruits et légumes", dans le journal Bild.
La consommation de concombres, tomates et salades crûs ainsi que de graines germées restait déconseillée.