La célèbre blogueuse et activiste syrienne Amina Abdallah Araf el-Omari a été enlevée lundi, à Damas. La Toile se mobilise pour appeler à sa libération.
Erratum : Depuis la publication de cet article, FRANCE 24 a appris que l’auteur présumé du blog "A gay girl in Damascus" ("Une lesbienne à Damas", NDLR), Amina Abdallah, était un personnage fictif créé par un étudiant américain de 40 ans, Tom MacMaster, installé en Ecosse. Le véritable auteur du blog a publié un message d’excuse, où il explique qu’il ne s’attendait pas à susciter une telle attention.
La blogueuse et militante syrienne Amina Abdallah Araf el-Omari aurait été enlevée en plein jour dans une rue de Damas par un groupe d’hommes armés. C’est ce que fait savoir, lundi soir, Rania Ismail, sa cousine, sur le blog de l'activiste appelé A gay girl in Damascus ("Une lesbienne à Damas").
"Alors qu’elle marchait non loin de la rue Fares el-Khouri vers 18h, Amina a été attrapée par un groupe de jeune gens âgés d'une vingtaine d'années. Selon l’amie qui était avec Amina, ils étaient armés. Ils l’ont embarquée dans une voiture, une Dacia Logan rouge", rapporte-t-elle.
Pour l’heure, sa famille et ses proches ne savent pas où elle a été emmenée ni pour quelle raison elle aurait été enlevée. Dès l’annonce de sa disparition, plusieurs groupes de soutien ont été créés sur Facebook et une campagne a été lancée sur Twitter pour réclamer sa libération.
Dans le viseur des forces de sécurité
Militante active des droits des homosexuels en Syrie, Amina est également connue pour ses billets critiques à l'égard du régime Al-Assad qu’elle publie en langue anglaise sur son blog.
Ce n’est pas la première fois que cette blogueuse, qui est née et a grandi aux États-Unis, aurait été inquiétée par les autorités syriennes. Dans l’un de ses billets, elle relate comment, la nuit du 26 avril, les forces de sécurité ont frappé à sa porte pour l’interroger.
Ce soir-là, les agents accusent la jeune femme de participer à un complot salafiste contre l’État et d’être en relation avec des personnes à l’étranger. Ils menacent de la violer. C'est finalement grâce à l’intervention de son père, qui a dû longuement argumenter, qu'Amina a alors pu échapper à une interpellation. "Cette nuit-là, nous avons célébré cette petite victoire, ils reviendront peut-être, mais peut-être pas…", écrit-elle en conclusion de son billet.
Mais, début mai, une nouvelle visite des forces de sécurité l'oblige à se cacher. Refusant de rejoindre sa mère réfugiée au Liban afin de pouvoir relater les événements qui secouent la Syrie, Amina doit changer quasi quotidiennement de planque. Depuis février, nombre de blogueurs ont été arrêtés par les autorités syriennes. La plus célèbre, Tal al-Mallouhi, est détenue depuis décembre 2009 dans un lieu tenu secret.