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Le régime syrien envoie l'armée en renfort à Jisr al-Choughour

Des troupes armées s'acheminent vers Jisr al-Choughour, dans le nord-ouest de la Syrie, théâtre depuis samedi d'affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants pro-démocratie. Ceux-ci appellent à un "mardi de la renaissance".

REUTERS - Les autorités syriennes ont décidé d'envoyer l'armée à Djisr el Choghour, une ville du nord-ouest de la Syrie où, selon la télévision d'Etat, 120 membres des forces de sécurité syriennes ont été tués lundi lors d'affrontements avec des centaines d'hommes armés.

L'armée, a précisé le ministre de l'Information Adnan Mahmoud, "accomplira son devoir national de rétablissement de la sécurité".

Djisr el Choghour, ville de 50.000 habitants, est située sur la route reliant la ville portuaire de Lattaquié, sur la côte méditerranéenne, à Alep, la deuxième ville de Syrie.

C'est la première fois que les autorités syriennes font état d'une confrontation d'une telle ampleur en onze semaines de contestation du régime autoritaire du président Bachar al Assad.

Mais la version des autorités est contestée par des organisations de défense des droits de l'homme. D'après la télévision syrienne, des groupes armés ont incendié des bâtiments officiels de Djisr el Choghour, où ils ont dérobé cinq tonnes de dynamite et tiré sur des civils et sur les forces de sécurité à la mitrailleuse et au lance-roquettes.

La chaîne ajoute que "les agresseurs ont mutilé certains des corps et les ont jetés dans une rivière. Les habitants de Djisr el Choghour réclament une intervention rapide de l'armée".

Cette version est contestée par Wissam Tarif, directeur de l'organisation de défense des droits de l'homme Insan, qui évoque lui des combats entre des forces loyalistes et des militaires ayant fait défection.

"Une unité ou une division de l'armée est arrivée dans le secteur dans la matinée (de lundi). Il semble qu'une autre soit arrivée (dans l'après-midi) pour mater cette défection", a-t-il dit sur la base des témoignages de plusieurs personnes présentes dans la ville.

Wissam Tarif juge également "incohérent" le très lourd bilan avancé par la télévision d'Etat.

Juppé : "Le processus de réformes est mort"

D'autres activistes proches de l'opposition assurent pour leur part que les forces syriennes ont lancé une opération de sécurité dans Djisr el Choghour dès samedi. Au moins 37 habitants et dix policiers auraient été tués dans ce contexte.

D'après des habitants, les violences ont éclaté samedi quand des tireurs embusqués sur le toit de la poste centrale ont ouvert le feu sur un cortège funèbre dont les participants portaient en terre six manifestants tués la veille.

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"Le problème, ce sont les Russes"

Damas interdisant son territoire aux médias internationaux, il est impossible de vérifier les dires des uns et des autres.

A Washington, où il était en déplacement, Alain Juppé a annoncé que la France était prête à demander au Conseil de sécurité de l'Onu le vote d'une résolution condamnant la répression en Syrie, malgré la menace d'un veto russe.

"La situation est très claire. En Syrie, le processus de réformes est mort et nous pensons que Bachar (el Assad) a perdu sa légitimité à la tête du pays", a dit le chef de la diplomatie française. "Nous verrons ce que feront les Russes. S'ils mettent leur veto, ils prendront leurs responsabilités (...) Il y a donc un risque à prendre et nous sommes prêts à le prendre."

Le projet de résolution exige la fin immédiate des violences contres les manifestants en Syrie et réclame la coopération des autorités syriennes avec une enquête de l'Onu sur des atteintes présumées aux droits de l'homme.

L'organisation Amnesty International a pour sa part exhorté le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale.

La répression des manifestations en faveur de la démocratie a fait plus de 1.000 morts chez les civils selon les groupes de défense des droits de l'homme.