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Les mots "Facebook" et "Twitter" interdits, la presse anglo-saxonne s'esclaffe

Interdire l’usage des mots "Facebook" et "Twitter" à la télévision et à la radio ? La règle édictée la semaine dernière par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) français fait bondir la presse anglo-saxonne.

La presse anglo-saxonne s’étrangle de rire... ou d’indignation. À la fin mai, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) français a décidé d’interdire aux médias de mentionner Facebook et Twitter, sauf si l’actualité concerne directement ces deux plateformes. Il s’agirait, selon le CSA, d’éviter de faire une publicité clandestine aux deux réseaux sociaux.

La nouvelle vient, semble-t-il, tout juste d’atterrir dans les oreilles des blogueurs et des journalistes anglophones car, en ce début de semaine, rares sont ceux qui ne commentent pas cette "règle absurde et ridicule", comme l’a qualifiée le journaliste John Johnson, sur le site américain Newser. Il lui a même décerné à cette nouvelle mesure la palme de la "règlementation la plus bizarre de la semaine".

"Ce n’est pas une blague !", prévient, goguenard, Matthew Fraser, un journaliste anglo-canadien basé à Paris, sur son blog intitulé "This much I know". Pour lui, cette interdiction, "fruit de la bureaucratie française, véritable cauchemar kafkaïen", n’est que l’expression de la "folle obsession des Français pour des lois et des règlements". Pourquoi Facebook et Twitter sont-ils visés ? "Je me demande s’il ne s’agit pas purement et simplement d’une hostilité de principe des institutions françaises aux symboles de la domination anglo-saxonne", s’interroge le journaliste.

Dans la même veine, le "Huffington Post" rappelle qu’en 2003, les autorités françaises avaient tenté d’éliminer le mot "e-mail" du vocabulaire français pour le remplacer par "courriel". Pour ce faire, elles avaient décidé de bannir l’horrible vocable anglophone de toute la communication et de toutes les publications gouvernementales. Peine perdue : si les différents ministères français respectent globalement la consigne, elle n’a pas suffi à changer les habitudes des Français : "courriel" n’a pas détrôné "e-mail".

Paraphraser Twitter et Facebook

"Oh la la !", fait mine de s’offusquer - en français - le journal britannique "Daily Mail" dans un article sur l’affaire. Les télévisions et radios françaises contraintes de paraphraser Facebook et Twitter pour promouvoir leurs pages ? Le journaliste en rit d’avance. Tout comme celui du "Times", qui entend déjà les présentateurs prononcer des phrases interminables du genre : "Rendez-vous sur le site où il est possible de publier instantanément des messages de 140 caractères maximum". Tout ça pour éviter "une publicité subliminale liée à l’utilisation des mots Facebook et Twitter".

Le site spécialisé TechCrunch, citant le blog du journaliste français Benoît Raphaël intitulé "La social NewsRoom", propose ainsi diverses façons de contourner l’interdiction. "La manière confuse : 'Vous pouvez envoyer vos témoignages sur notre page de réseau social où vous avez habituellement des amis. Attention, ne pas confondre avec l’autre où il n’y a pas d’amis mais des followers. Ou la manière blasée : 'Retrouvez-nous où vous savez'".

De façon plus sérieuse, Memeburn, un site consacré à "l’analyse des marchés émergents", concède : "L’objectif du CSA - ne pas léser les autres réseaux sociaux - est sans nulle doute louable". Mais condamne ensuite "avec beaucoup de respect" cette règle "ridicule". "Facebook et Twitter sont désormais bien plus que des entreprises privées, ce sont devenues de véritables plateformes de l’expression publique", estime le site, qui fustige une décision "absurde et nuisible".