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Victorieux, le Parti social-démocrate hérite d'une tâche difficile

Emmené par Pedro Passos Coelho, le Parti social-démocrate a battu les socialistes aux législatives. Mais la tâche qui l'attend n'est pas mince, puisqu'il devra gérer la dette du pays et conduire les mesures d'austérité destinées à en venir à bout.

Leader du Parti social-démocrate (PSD) portugais et probable futur Premier ministre du Portugal, Pedro Passos Coelho a promis de poursuivre la politique d’austérité mise en place par la majorité socialiste vaincue aux législatives.

Le Premier ministre sortant, José Socrates, a endossé la responsabilité de la défaite et démissionné de son poste de dirigeant du Parti socialiste.

La victoire des sociaux-démocrates est néanmoins assombrie par le poids de la dette portugaise. Pedro Passos Coelho a d'ailleurs reconnu que la tâche de son gouvernement sera difficile pour parvenir à un redressement de la situation. 

“Les années à venir vont nécessiter, de la part de tout le Portugal, plus de courage. Ce sera difficile mais cela en vaudra la peine", a-t-il déclaré après l'annonce de sa victoire.

La dette publique du Portugal a atteint 92,4 % du PIB en 2010 et devrait être de 97,3 % en 2011.

Les mesures adoptées au mois de mai lors de l'obtention d'un prêt de 78 milliards d’euros de la part du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne (UE) pourraient prendre des années à produire leur effet, assurent les analystes. Selon eux, elles affecteront en priorité les citoyens ordinaires, ce qui pourrait compliquer le mandat de Passos Coelho.

"Nous n’avons pas vu les gens descendre dans les rues de Lisbonne comme à Athènes, remarque Jérémy Batstone-Carr, responsable de la prospection clientèle au sein de la société d'investissement Charles Stanley, basée à Londres. Ces élections ont donné l’occasion aux Portugais de faire savoir au gouvernement qu'ils désapprouvaient sa politique. La nouvelle équipe pourra, elle, invoquer la légitimité des urnes pour mettre en œuvre les mesures d’austérité, ce qui ne veut pas dire qu’elle sera à l’abri de contestations à l’avenir", ajoute celui-ci.

Des mesures difficiles

Pedro Passos Coelho a fait campagne sur la promesse qu’il irait "au-delà" des conditions négociées par son prédécesseur en termes de privatisations et de réformes de l'État.

Dans une lettre d’intention envoyée au FMI, le gouvernement de José Socrates décrivait les politiques que le pays projetait de mettre en place dans le cadre de sa demande d’aide financière. Celles-ci incluaient, notamment, une augmentation des impôts, un gel des retraites et des salaires dans le secteur public, ainsi qu’une réduction de l’indemnité chômage.

Grâce à une politique de non-remplacement des départs en retraite, Lisbonne souhaite également réduire de 1 % le nombre de fonctionnaires en 2012 et en 2013. Le gouvernement Socrates a par ailleurs annoncé que de grands projets d’infrastructures seraient suspendus, faute de fonds.

Ajouter de la dette à la dette

Les bons du Trésor portugais ont rebondi sur les marchés après la victoire du PSD et l’engagement de Passos Coelho de respecter les conditions imposées par le FMI.

"C'est très positif pour le marché et les investisseurs, analyse pour Reuters Filipe Garcia, directeur de l’agence de conseil portugaise Informacao de Mercados Financeiros. Cela ouvre la voie à un gouvernement stable qui effectuera tout son mandat".

Certains investisseurs restent cependant sceptiques quant aux chances du Portugal de sortir de l'ornière, au vu de la crise qui touche l’ensemble de l’Europe. Pour Jérémy Batstone-Carr, "on ne résoud par une crise causée par une dette en s’endettant d’avantage".

Larry MacDonald, l’ancien président de Lehman Brothers, avait prédit la crise des subprimes en 2008 aux États-Unis. Dimanche, celui-ci a déclaré au quotidien irlandais “The Independent” que l'Irlande allait certainement échouer à rembourser sa dette, et ce malgré le plan de sauvetage de 90 milliards d'euros accordé l’année dernière par le FMI et l’UE.

“Mais l’Irlande ne sera pas la seule dans ce cas, car je pense que le Portugal, la Grèce et d’autres pays seront dans la même situation", a-t-il déclaré.

Passos Coelho espère, lui, prouver que Larry MacDonald se trompe à propos de la dette portugaise.