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Couvre-feu dans trois quartiers de Bangui après des violences interconfessionnelles

Des violences visant des musulmans ont éclaté mardi à proximité du quartier commercial KM5, dans le centre de Bangui. Un couvre-feu a été decrété à partir de ce mercredi dans trois arrondissements de la capitale centrafricaine.

AFP - Un couvre-feu a été instauré mercredi dans 3 arrondissements du nord-ouest de Bangui où des tirs ont été entendus alors que des violences visant des musulmans ont débuté mardi, selon un arrêté du ministre de la Sécurité publique diffusé à la radio nationale.

"Pour le maintien de l'ordre, le couvre-feu est instauré de 19h à 6h du matin dans les 3e, 5e et 6e arrondissements (de Bangui) jusqu'à nouvel ordre", selon un arrêté du ministre de la Sécurité publique, Claude-Richard Gouandja, diffusé à la radio nationale.

Un journaliste de l'AFP a entendu des tirs à l'arme automatique tantôt rapprochés, tantôt sporadiques, à proximité du grand quartier commercial de Bangui, le "KM5", alors que la zone était bouclée par l'armée, la gendarmerie et la police.

"Ces tirs, proviennent des forces de défense et de sécurité qui ont quadrillé le quartier populaire et commercial du KM5. Elles éloignent des groupes de jeunes qui tentent en vain depuis ce matin de piller les magasins, kiosques et échoppes des musulmans", a expliqué Alain Tromandet, mécanicien au KM5 qui s'est éloigné de la zone.

"De temps en temps les éléments des forces de défense et de sécurité font des tirs de sommation, ou bien elles tirent en direction des groupes de jeunes qui attaquent les musulmans. Il ne fait pas de doute qu'il y ait eu aussi des victimes parmi la population", a-t-il affirmé.

Deux personnes ont été tuées et 21 blessées mardi dans des violences dans le nord-ouest de Bangui, visant notamment des musulmans accusés d'être responsables de la disparition et de la mort de 2 enfants.

"Les jeunes se sont répartis en plusieurs groupes, et munis de machette, de barres de fer ou de bâtons, ils s'attaquent aux musulmans qu'ils accusent d'être à l'origine de la mort des deux enfants (...) et menacent de piller leurs magasins", a ajouté le mécanicien.

"Les forces de défense ont pris position tout autour des magasins et kiosques des musulmans. Ils éloignent les passants par des signes et gestes. Mais malgré leur présence, les attaques se multiplient contre les musulmans et il doit y avoir d'autres victimes", a déclaré une commerçante, Marguerite Ngoya.

Ces tirs à l'arme automatique ont amené les commerçants à déserter le grand marché du KM5. Les écoles ont également fermé dans la zone.

Un proche de la famille d'un des deux enfants (âgés de 5 et 4 ans) avait expliqué mardi qu'"après des recherches effectuées par les parents et des proches, leurs corps ont été retrouvés dans le coffre arrière d'un véhicule appartenant à un musulman du voisinage", entraînant les violences et notamment le lynchage d'un parent du propriétaire du véhicule.

La Centrafrique compte environ 80% de chrétiens en majorité protestants et autour de 10% de musulmans, selon les chiffres officiels.