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La bactérie E.coli, détectée dans des concombres produits en Espagne, a déja fait au moins onze morts en Allemagne et a contaminé des dizaines d'autres personnes en Suède, en France et en Suisse ainsi qu'au Danemark.

AFP - Les autorités sanitaires allemandes et européennes recherchaient toujours lundi la cause de la contamination bactérienne, apparemment liée à la consommation de légumes crus et à l'origine d'un onzième décès annoncé en Allemagne.

Une femme de 91 ans est décédée dimanche des suites d'hémorragies provoquées par la bactérie E.coli entero-hémorragique (Eceh), ont annoncé les autorités de Paderborn (ouest), portant à onze le nombre de morts ayant un lien établi ou suspecté avec l'Eceh.

L'Institut Robert Koch, chargé de la veille sanitaire, ne reconnaît pour le moment que trois décès directement imputables à l'Eceh, dans l'attente d'analyses sur les huit autres cas.

L'institut a également annoncé lundi que 319 patients infectés ont développé les troubles rénaux sévères, appelés syndrome hémolytique et urémique (SHU), potentiellement mortels.

Confrontées à la pire vague de contaminations à l'Eceh jamais observée en Allemagne et l'une des pires dans le monde, les autorités sanitaires craignent que le pire ne soit pas encore passé.

Face à l'inquiétude grandissante des consommateurs, qui boudent les étals des primeurs, les ministres allemands de l'Agriculture et de la Consommation, Isle Aigner, et de la Santé, Daniel Bahr, devaient réunir des scientifiques et des responsables politiques régionaux pour faire le point à Berlin.

La propagation de cette bactérie sera également discutée lors d'une réunion informelle des ministres européens de l'Agriculture à Debrecen (Hongrie).

Plusieurs hôpitaux du nord du pays, principal foyer d'infection, saturent.

"On connaît la bactérie Eceh depuis de nombreuses années, mais une telle propagation est du jamais vu", a assuré lundi le professeur Jan Galle, directeur de la clinique de phrénologie de Lüdenscheid (ouest), interrogé sur la télévision publique ZDF. "D'habitude, on enregistre environ 1.000 cas par an, mais là nous avons 1.200 cas en 10 jours", a-t-il ajouté.

"Il y a une période de latence entre l'infection à l'Eceh et l'apparition des symptômes du SHU. Or, nous n'avons probablement toujours pas atteint le pic d'infection à l'Ehec", a-t-il prévenu.

Contaminations en Suède, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Autriche, France...

Petit signe d'espoir, la clinique universitaire d'Eppendorf à Hambourg (nord) a signalé pour la première fois un léger ralentissement dans l'afflux de nouveaux malades.

"Le nombre de nouveaux cas est en baisse", de même que le nombre de patients présentant des complications graves, a indiqué son directeur, Jörg Debatin, lors d'une conférence de presse.

La souche de bactérie à l'oeuvre en Allemagne est "particulièrement virulente", selon le Pf Galle. La contamination dégénère en syndrome SHU chez près d'un quart des malades, contre 5 à 10% normalement.

Des cas ou des suspicions de cas ont également été signalés en Suède, Danemark, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Autriche, France et Suisse, mais tous venaient apparemment d'Allemagne.

La souche rare d'Eceh qui frappe l'Allemagne s'est aussi révélée résistante au traitement habituel par dialyse, amenant les médecins à donner un nouveau traitement, un médicament de la famille des anticorps monoclonaux.

L'efficacité de ce traitement reste à prouver, car il était jusqu'alors utilisé chez de petits enfants, habituellement plus touchés par le SHU, a reconnu le Pf Galle.

Seule la découverte de l'origine de la contamination permettra de juguler la diffusion de la bactérie, affirment les spécialistes.

Les soupçons se sont portés vers des concombres issus de cultures sous serres en Andalousie (sud de l'Espagne). Mais une contamination le long de la chaîne de distribution n'est pas exclue. Des résultats d'analyses sur des lots suspects étaient attendus lundi.