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À trois jours des élections législatives en Israël, les sondages font état d'une remontée du parti centriste Kadima de Tzipi Livni. La formation conservatrice du Likoud, emmenée par Benjamin Nétanyahou, reste toutefois favorite.

Reuters - Favori des élections législatives israéliennes de mardi, le Likoud, formation conservatrice de Benjamin Netanyahu, voit se rapprocher le parti centriste Kadima dans les sondages où les ultranationalistes d'Yisrael Beitenu effectuent une percée remarquée.

Au dernier jour autorisé pour la publication des enquêtes d'opinion, quatre sondages donnaient vendredi au Likoud deux ou trois sièges d'avance sur Kadima au sein de la Knesset, qui compte 120 députés.

En décembre, ces sondages donnaient à la droite conservatrice neuf sièges de plus que les centristes, et encore quatre ou cinq d'avance le mois dernier.

Actuellement, le Likoud est crédité d'environ 26 sièges, contre 23 à Kadima, formation de la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni.

Réalisant une percée inattendue, le parti d'extrême droite Yisrael Beiteinu ("Israël notre maison"), emmené par un ancien conseiller de Netanyahu, Avigdor Lieberman, et qui réunit de nombreux Israéliens venus d'ex-Union soviétique, est crédité de 18 ou 19 sièges.

Il y a encore un mois, les sondages lui accordaient 11 sièges de députés, comme dans l'Assemblée sortante issue des élections de 2006.

Le Parti travailliste du ministre de la Défense, Ehud Barak, n'arrive qu'en quatrième position, avec entre 14 et 17 députés.

Pour nombre de spécialistes, ce virage à droite de l'électorat israélien s'explique par les inquiétudes croissantes de la population sur les questions de sécurité, après la guerre à Gaza et le blocage des négociations de paix avec les Palestiniens.

Quelle que soit la liste qui arrive en tête mardi, les conservateurs du Likoud ou les centristes de Kadima, elle ne devrait donc même pas réunir un quart des députés de la Knesset.


Vers de difficiles tractations

Une constatation qui annonce de difficiles tractations en vue de former une coalition de gouvernement, avec l'extrême droite de Lieberman, le Parti travailliste et le parti ultrareligieux Shas au coeur des débats.

Comme de coutume, le président Shimon Peres invitera le dirigeant de la formation arrivée en tête à former le nouveau gouvernement.

Même si, contredisant les sondages, les centristes de Livni parviennent à devancer le Likoud, les spécialistes doutent qu'ils soient en mesure de se bâtir une majorité.

C'est d'ailleurs cette incapacité de Kadima à s'assurer une telle majorité durable qui a en partie provoqué les élections anticipées de mardi prochain.

De nombreux politologues pensent même que Barak, "l'homme de gauche", serait plus enclin à coopérer avec le conservateur Netanyahu qu'avec le centre.

Après le départ fin 2008 du Premier ministre centriste Ehud Olmert, empêtré dans ces ennuis judiciaires, ni Kadima ni les travaillistes, partenaires de la précédente coalition, ne semblent tirer bénéfice de l'offensive militaire menée entre le 27 décembre et le 18 janvier dans la bande de Gaza, une opération pourtant massivement approuvée par la population israélienne.

Une certaine surenchère sécuritaire paraît avoir profité à l'extrême droite de Lieberman, qui a fait passer son message au-delà du million de Juifs venus de l'ex-URSS en prônant une ligne sans concessions envers les Palestiniens, et aussi envers les Arabes israéliens - 20% de la population - invités à faire preuve de leur "loyauté".

"Si je ne me trompe pas, nous allons avoir l'élection la plus à droite de l'histoire de ce pays", écrivait récemment dans le journal Yedioth Ahronoth l'éditorialiste Nahum Barnea.

Pour Ben Caspit, du quotidien Maariv, les attaques de Lieberman contre la population arabe d'Israël "menacent ce qu'il reste encore d'une coexistence délicate et risque de provoquer un schisme irréversible entre 'eux' et 'nous'".