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Après Ben Hammam, Blatter est lui aussi rattrapé par les affaires

Dans la course à la présidence de la Fifa, les escarmouches se multiplient. En l’espace de 48 heures, les deux candidats, Joseph Blatter et Mohammed Ben Hammam, ont fait l’objet de procédures pour des faits présumés de corruption.

Il y a deux jours, l'ouverture d’une procédure à l'encontre du Qatari Mohammed Ben Hammam, candidat à la présidence de la Fifa, pour de "possibles violations" du code éthique et "allégations de fraude" avait fait grand bruit.

Ce vendredi, l’actuel président de l’organisation, Joseph Blatter a lui aussi été rattrapé par les affaires. Le patron du football international est visé par une procédure directement initiée par son concurrent qatari qui l’accuse d’avoir fermé les yeux dans une énième affaire de corruption.

Mohammed Ben Hammam a déposé une requête devant le comité d’éthique de la Fifa et affirmé que Joseph Blatter avait été informé par Jack Warner, membre du Comité exécutif (CE) de la FIFA, du versement de pots-de-vin à plusieurs délégations présentes à une réunion de la Confédération des Caraïbes (CFU), les 10 et 11 mai.

"Les accusations contiennent également des déclarations selon lesquelles M. Blatter, le président sortant de la FIFA, a été informé, mais ne s'est pas opposé, à des paiements qui auraient été faits à des membres de l'Union caribéenne de football", indique le candidat qatari via un communiqué.

Joseph Blatter, qui dirige la Fifa depuis 1998, a refusé de commenter l’affaire : "Je ne peux commenter les procédures qui ont été ouvertes contre moi aujourd'hui. Les faits parleront d'eux-mêmes." Mais le Suisse, qui brigue un quatrième mandat à la tête de l’organisation, est dans une position peu confortable.

MM. Blatter et Ben Hammam devraient être entendus par le comité ce dimanche, soit trois jours seulement avant l'élection à la présidence qui doit opposer les deux hommes, le mercredi 1er juin.

Année noire et guerre des chefs

L’affaire s’est ébruitée après des propos rapportés le 24 mai au secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke par Chuck Blazer, le secrétaire général de la Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF). M. Blazer, également membre du comité exécutif de la Fifa, avait évoqué de "possibles violations" du code éthique au cours de la réunion de la CFU qui fait l’objet de l’enquête.

Cette ultime passe d’armes n’est pas un fait isolé. Elle constitue le point d’orgue de la course à la présidence, et met un peu plus en lumière toute la controverse dont la Fifa fait l’objet depuis un an.

Les accusations de corruption consécutives à la désignation des pays hôtes des Mondiaux 2018 (Russie) et 2022 (Qatar) se sont multipliées depuis la fin de l’année dernière.

En novembre 2010, deux membres du CE de la Fifa, le Tahitien Reynald Temarii et le Nigérian Amos Adamu, avaient été suspendus de leurs fonctions pour de présumées connivences avec les pays désignés. Des faits dont ils ont été reconnus coupables en janvier 2011.

Et au début du mois de mai, trois autres membres du CE ont été visés par des polémiques similaires. L’ex-président démissionnaire du comité de candidature anglaise pour le Mondial 2018 David Triesman a accusé Nicolas Leoz (président de la Confédération sud-américaine) Issa Hayatou (président de la Confédération africaine) et Ricardo Teixeira (président de la Fédération brésilienne) de comportements "incorrects et non éthiques".

L’ancien président de la FA (Football Association), soutenu par un député anglais, a vu ses propos appuyés par une enquête publiée dans la foulée par l’édition papier du Sunday Times. L’hebdomadaire britannique a également incriminé l’Ivoirien Jacques Anouma, président de l'Union des fédérations ouest-africaines de football.

Des mots qui font ‘pschitt !’

Les tensions de plus en plus vives à la tête de la Fifa posent en tout cas de nombreuses questions. À commencer par la pertinence du probable maintien du scrutin du 1er juin prochain.

Les enquêtes en cours, qui pourraient prendre plusieurs mois, mettent déjà en difficultés les deux candidats. Mais elles pourraient, à terme, venir considérablement discréditer un président qui serait alors en exercice.

Le fait que Mohammed Ben Hammam soit par ailleurs cité dans l’enquête sur les votes pour l’attribution du Mondial 2022 au Qatar – pays dont il est ressortissant – ajoute un peu plus de poids à cette théorie.

Interrogé par l’AFP il y a quelques jours, Joseph Blatter avait défendu l’idée d’un "plan tolérance zéro" face à la corruption. Mohammed Ben Hammam avait lui déclaré tabler sur la "transparence" pour "redorer le blason de la Fifa".

En l’espace de quelques jours, les deux candidats ont vu la crédibilité de leurs belles promesses mises à mal. Et ils pourraient bien tout perdre. Mais dans cette affaire, comme dans toutes celles qui ont été dévoilées ces derniers mois, c’est la Fifa, une fois encore, qui devrait subir l’essentiel des dommages collatéraux.