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Plus de 150 000 personnes ont fui la région d'Abyei, selon le Sud-Soudan

Les combats dans la région d'Abyei, ville dont l'armée nordiste s'est emparée le 21 mai, ont provoqué le déplacement de plus de 150 000 personnes, selon le ministre des Affaires humanitaires du gouvernement semi-autonome du Sud-Soudan.

AFP - Plus de 150.000 personnes ont été déplacées par les récents combats dans la région disputée d'Abyei, ville dont l'armée nordiste s'est emparée le 21 mai, a affirmé à l'AFP le ministre des Affaires humanitaires du gouvernement semi-autonome du Sud-Soudan.

"La situation est terrible (...). Plus de 150.000 personnes ont fui Abyei et ses environs", a affirmé James Kok Ruea.

"Femmes, enfants, vieillards (...), ils ont fui par peur des violences, ils sont sans abri", a déclaré ce responsable sudiste, alors qu'il se préparait à quitter Juba, la capitale du Sud-Soudan, pour se rendre sur place.

Ce chiffre de 150.000 déplacés n'a pas été confirmé de source indépendante.

Les estimations données jusqu'à présent par l'ONU et les organisations humanitaires font état de 30.000 à 40.000 déplacés dans la zone, en majorité des Sudistes de la tribu Dinka Ngok qui ont pris la direction du sud, fuyant l'avancée de l'armée nordiste.

La plupart de ces déplacés restent dissimulés dans la brousse et évitent de prendre les routes par peur des bombardements de l'aviation soudanaise.

"Un grand nombre de ces gens continuent de se déplacer par de petites pistes de brousse", selon un rapport d'une agence onusienne publié vendredi et qui fait le point sur la situation humanitaire dans la zone.

"Il n'est pas clair pour le moment combien des 110.000 habitants de la zone d'Abyei ont fui vers le sud", explique ce rapport d'OCHA, le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies, rédigé après une mission aérienne au-dessus d'une dizaine de villages.

"Aucune population n'était visible", alors que "des tukuls (traditionnelles huttes de boue séchée) calcinés ont été observés dans plusieurs villages", selon OCHA.

"A la date du 26 mai, les partenaires humanitaires estiment que plus de 30.000 personnes ont fui vers le sud", conclut ce communiqué, qui précise cependant que "de nouvelles arrivées (de déplacés) continuent d'être enregistrées".

Les Forces armées du Soudan (SAF, nordiste) ont pris le 21 mai le contrôle d'Abyei et s'y sont déployées jusqu'à plusieurs kilomètres plus au sud, sur la rive nord de la rivière Bahr al-Arab.

Cette rivière, la "Kiir" selon sa dénomination sudiste, marque désormais la ligne de front entre les SAF et les forces sudistes, et au-delà de laquelle les déplacés fuient vers le sud.

L'ONU avait dénoncé jeudi le vol de plus de 800 tonnes de nourritures et matériels d'aide humanitaire dans le pillage des locaux des agences onusiennes et des ONG à Abyei.

Toujours selon le rapport d'OCHA, la situation dans la ville d'Abyei restait jeudi "tendue et volatile, avec des tirs sporadiques et la poursuite de pillages".

"Nous avons des milliers de personnes en mouvement, essentiellement des femmes et des enfants", a indiqué pour sa part le chef de mission au Soudan pour Médecins sans frontières (MSF), Raphaël Gorgeu, dont l'organisation gère un hôpital à Agok, à 40 km au sud de la ville d'Abyei.

"Ils transportent quelques maigres biens, des sacs sur leur tête, ou sont assis au bord de la route sur leur matelas, épuisés par des heures de marche", a raconté M. Gorgeu.

Près de 15.000 déplacés sont arrivés dans la localité de Turalei, à 130 km au sud d'Abyei, selon l'ONU. "La situation là-bas est difficile", a commenté Dominic Deng Kuoc, commissaire du Comté de Twic, où est situé Turalei.

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