De nouveaux affrontements sont attendus ce vendredi entre opposants et partisans du chef de l'État, alors que le spectre de la guerre civile se dessine. Le président Saleh a refusé, dimanche, de signer l'accord de transition qui prévoit son départ.
REUTERS - Le Yémen se prépare à une nouvelle journée de violences vendredi, jour des prières hebdomadaires, alors que le pays semble sur le point de basculer dans la guerre civile entre adversaires et partisans du président Ali Abdallah Saleh.
Des affrontements meurtriers se produisent quotidiennement depuis lundi, au lendemain d'un nouveau revirement de dernière minute du chef de l'Etat, qui a refusé de signer un accord de transition du pouvoir élaboré par les pays du Golfe.
Plus de 40 personnes sont mortes lors de la seule journée de jeudi au cours de batailles de rue à Sanaa, la capitale.
Confronté depuis janvier à de vastes manifestations réclamant son départ après quasiment 33 ans d'exercice du pouvoir, Ali Abdallah Saleh résiste aux pressions diplomatiques encore exprimées jeudi lors du sommet du G8 à Deauville.
Des milliers d'habitants de Sanaa ont entrepris de quitter la capitale pour fuir les violences qui ont fait plus de 80 morts depuis lundi. D'autres constituent des réserves de biens de première nécessité et attendent fébrilement la journée de vendredi.
Les combats, qui opposent les forces de sécurité de Saleh à des membres de la puissante tribu Hached dirigée par Sadik al Ahmar, sont les plus meurtriers au Yémen depuis le début du mouvement de contestation en janvier.
Tandis que des combattants en civil sillonnaient certains quartiers, Sanaa a résonné jeudi du crépitement des mitrailleuses. Des explosions sporadiques ont aussi retenti près du site où des milliers de manifestants campent pour exiger le départ du président.
Face à la détérioration rapide de la situation, des ambassades étrangères ont rapatrié une partie de leur personnel et invité leurs ressortissants à quitter le pays.
Lâché par les États-Unis
Réunis à Deauville, les dirigeants du G8 ont appelé Ali Abdallah Saleh à se retirer.
"Nous déplorons les combats en cours depuis lundi dans la ville de Sanaa, conséquence de l'impasse politique actuelle dont le président Saleh porte l'entière responsabilité par son refus de signer l'accord de transition" mis au point par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), a déclaré un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Longtemps alliés du président yéménite dans leur lutte contre Al Qaïda, les Etats-Unis l'ont également invité à partir.
Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat américaine, a reproché à Ali Abdallah Saleh d'être constamment revenu sur les accords visant à le faire démissionner.
Les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, deux pays déjà visés par Aqpa, la branche yéménite d'Al Qaïda, se sont efforcés de désamorcer la crise ces dernières semaines, en vain.
Les Etats-Unis redoutent que le Yémen, qui est au bord de la ruine, ne plonge dans l'anarchie, ce qui présenterait un risque majeur pour la sécurité régionale et pour celle de l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole.
Sadik al Ahmar a exclu toute négociation avec Ali Abdallah Saleh.
"Ali Abdallah Saleh est un menteur, un menteur, un menteur!", a-t-il déclaré à Reuters. "Nous sommes intraitables. Il quittera ce pays pieds nus."