
La ministre française de l'Économie, Christine Lagarde, organise une conférence de presse mercredi alors qu'elle est annoncée comme favorite pour succéder à Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds monétaire international.
AFP - Les événements se sont brusquement accélérés mardi soir autour de la candidature de Christine Lagarde à la direction du FMI avec l'annonce d'une conférence de presse impromptue que la ministre de l'Economie tiendra mercredi à 11H45 à Bercy.
Sans en préciser l'objet, le ministère en a cependant souligné l'importance, relançant toutes les spéculations sur une candidature dont l'officialisation pourrait ainsi intervenir à la veille de l'ouverture du sommet du G8 de Deauville.
Interrogé par l'AFP, Bercy s'est refusé à toute précision supplémentaire. Aucun porte-parole n'était par ailleurs joignable mardi soir à l'Elysée.
Plusieurs grands pays européens, comme l'Allemagne, le Royaume-Uni ou l'Italie, se sont déjà prononcés en faveur d'une candidature de Christine Lagarde au Fonds monétaire international, passant outre les possibles ennuis judiciaires qui guettent la ministre.
La justice devrait dire opportunément le 10 juin, jour de clôture des candidatures à la direction du FMI, si elle ouvre ou non une enquête qui la viserait dans l'affaire Tapie.
Un classement sans suite et Christine Lagarde ferait un grand pas vers le siège du Fonds monétaire international (FMI) à Washington où elle succéderait à Dominique Strauss-Kahn, contraint à la démission après son inculpation dans une affaire de tentative de viol et d'agression sexuelle.
A l'inverse, l'ouverture d'une enquête de la Cour de justice de la République ou même un simple report de la décision pourraient encore contrarier sa candidature.
En 2007, la ministre avait approuvé le recours à un tribunal arbitral privé pour solder le contentieux qui opposait l'ancien ministre et patron d'Adidas, Bernard Tapie, aux liquidateurs du Crédit Lyonnais autour de la cession litigieuse de la firme d'articles de sport. Avec, au bout du compte, une facture astronomique pour l'Etat français et les contribuables: 385 millions d'euros.
Sur le terrain diplomatique, Paris, soucieux de ne heurter aucune susceptibilité, a fait jusqu'ici profil bas autour de la candidature de Christine Lagarde.
"Nous ne voulons adresser aucun geste qui pourrait être interprété comme une forme de mépris des pays émergents, et aucun geste ou signe d'arrogance, compte tenu des circonstances", a encore souligné mardi le porte-parole du gouvernement, François Baroin.
Plusieurs pays émergents estiment que le temps est venu de reconnaître leur poids dans l'économie mondiale et d'en finir avec la règle non-écrite d'une direction générale du FMI invariablement dévolue à un Européen depuis sa création en 1944.
Cinq d'entre eux, les membres du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), ont d'ailleurs protesté très officiellement mardi soir contre la volonté de l'Europe de conserver ce poste.
François Baroin avait pourtant assuré quelques heures plus tôt que la Chine, devenue la deuxième économie mondiale après les Etats-Unis, était désormais "favorable" à la candidature de Christine Lagarde.
Deuxième bailleur de fonds du FMI, le Japon a affiché de son côté une prudente réserve. Il est trop tôt pour évaluer les candidatures, a observé en substance le ministre des Finances Yoshihiko Noda.
Directeur général par intérim du FMI, John Lipsky, a jugé Christine Lagarde "très talentueuse et expérimentée" mais estimé très diplomatiquement qu'elle trouverait des concurrents "tous excellents" sur sa route.
Des candidats chinois, indien, sud-africain ou kazakh sont ou seraient aussi sur les rangs, de même que le ministre belge des Finances, Didier Reynders ou le gouverneur de la banque centrale du Mexique Augustin Carstens.