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Après l'inculpation de Dominique Strauss-Kahn aux États-Unis, de plus en plus de voix s'élèvent au sein du Parti socialiste afin de revoir le processus des primaires, censé désigner le candidat pour la présidentielle de 2012.

Adoptées par les militants socialistes lors d’un referendum interne organisé en octobre 2009, les primaires, qui doivent permettre d’élire le candidat du Parti socialiste (PS) à l'élection présidentielle, sont-elles devenues un sujet de discorde ? Conséquence du tourbillon médiatico-politique provoqué par l’affaire DSK - que les sondeurs donnaient gagnant -, certains cadres du PS se demandent aujourd’hui s’il ne faut pas revoir la stratégie présidentielle afin de ne pas accentuer les divisions internes au parti.

"Une compétition mortelle"

Ainsi, le député-maire PS d'Evry, Manuel Valls, proche de DSK, a-t-il demandé de mettre les primaires "entre parenthèses". Invité vendredi sur Europe 1, le premier socialiste à avoir, justement, annoncé sa candidature aux primaires a exprimé ses craintes de les voir "se transformer en une compétition mortelle, violente et non maîtrisée". Il est rejoint dans ce sens par le "strauss-kahnien" François Patriat, qui demande un temps de réflexion. "Est-ce qu’il faut garder le processus actuel ou penser à un autre qui soit élargi à toute la gauche ? (..) Est-ce qu’il ne faut pas se mettre d’accord sur un nom pour gagner et gérer ?", se demande le sénateur de Côte-d’Or dans un entretien accordé à Public Sénat.

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"Grande perturbation autour de la primaire socialiste"
Le PS affiche ses premiers signes de divisions sur la question des primaires

De son côté, Claude Bartolone, député de Seine-Saint-Denis et partisan de la première secrétaire du PS Martine Aubry, a proposé d'annuler la primaire. La maire de Lille est de toute façon, selon lui, la "seule" à pouvoir "incarner" l'unité et la "légitimité" en vue de 2012, rapporte ce vendredi le Figaro. Enfin, le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, a jugé vendredi qu'en l’absence de DSK il faudrait soit élargir les primaires "à toute la gauche", soit les mettre "entre parenthèses".

Les cadres favorables au respect du calendrier

Ces voix, minoritaires pour l’instant, n’ont rencontré aucun écho auprès des cadres du parti, officiellement (ou officieusement) candidats aux primaires. Interrogé sur ce sujet, François Hollande, ex-premier secrétaire et nouveau favori des sondages, appelle à la cohérence. "Il n'y a pas besoin de précipiter, d'anticiper ou de différer. Faisons en sorte d'être cohérents, sereins, même si nous devons être graves", a-t-il insisté depuis Dijon, où il est en campagne.

La présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, a pour sa part appelé à "éviter toute décision prise sous le coup de l'émotion", jugeant qu'il fallait respecter les règles. "Il n'y a aucune raison de remettre en cause ces règles, il faut avancer sereinement et surtout passer au débat d'idées", a-t-elle argumenté sur RMC. Enfin, Martine Aubry, fortement encouragée par certains de ses proches à se porter candidate, a rejeté, mercredi à Toulouse, tout remise en cause du calendrier.

Préserver la crédibilité du parti

Certains militants, contactés par France24.com, insistent sur la nécessité de préserver la crédibilité du parti en maintenant les primaires. "Je n’ai pas le sentiment qu’un parti crédible doit être gouverné par l’opinion ou réagir par rapport à tel ou tel fait d’actualité, fusse-t-il dramatique pour un membre éminent du PS", explique Helmut Bonnet, secrétaire de section à Noisy-le-Sec. Selon lui, "le processus des primaires avait été proposé aux militants et ces derniers l’ont adopté, il n’y a donc aucune raison pour y renoncer".

Simon Vienne, militant et animateur fédéral du Mouvement des jeunes socialistes de l’Aube, met cette remise en cause sur le compte du désespoir "compréhensible" des proches et des sympathisants de DSK, effondrés par la mise à l’écart de facto de leur candidat. "C’est une situation difficile, mais ces primaires ont été validées par les militants et les dirigeants du parti semblent décidés à maintenir le cap. Par conséquent, le processus doit aller à son terme, question de crédibilité", insiste-t-il.

Voix dissonante, le militant socialiste istréen Alain Detavernier remet lui en cause le principe des primaires depuis l’affaire DSK. Il les qualifie de "suicidaires". Celui qui affiche ouvertement son soutien à François Hollande affirme sur son blog que "la logique de la victoire passe maintenant par une candidature unique".