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La défense de DSK cherche à obtenir une remise en liberté sous caution

L'ex-patron du FMI Dominique Strauss-Kahn clame toujours son innocence face aux accusations d'agression sexuelle retenues contre lui par la justice américaine. Ses avocats vont tenter de nouveau d'obtenir sa mise en liberté sous caution.

Dominique Strauss-Kahn s'est engagé à payer un million de dollars en caution et à rester à New York sous surveillance électronique dans une nouvelle tentative de convaincre la justice américaine de lui accorder jeudi une remise en liberté sous caution.

Dominique Strauss-Kahn, qui est détenu depuis lundi, saura vendredi si la chambre d'accusation qui s'est réunie cette semaine en secret, et notamment mercredi pour entendre le témoignage de la victime présumée, a décidé de l'inculper ou, moins probable, de lui faire bénéficier d'un non-lieu.

En attendant de connaître cette décision cruciale pour la suite, une audience destinée à examiner une nouvelle demande de mise en liberté de l'ex-directeur général du FMI aura lieu jeudi à New York, a indiqué à l'AFP un porte-parole du tribunal pénal de Manhattan, David Bookstaver.

Les avocats de DSK, qui proposent le versement d'une caution d'un million de dollars, estiment que le ex-patron du FMI a les "ressources financières suffisantes" pour s'en acquitter, selon la requête à la Cour suprême de l'Etat de New York diffusée mercredi soir sur le site internet du New York Times.

Pour appuyer leur requête, ils avancent la valeur de la maison détenue à Washington: quatre millions de dollars. Si la requête dit que "le couple a acheté la maison en 2007", il est précisé dans le même temps que le titre de propriété est rédigée au nom d'Anne Sinclair.

Car, fait nouveau, la défense de DSK insiste sur les liens étroits entre sa femme Anne Sinclair et les États-Unis. Ils rappellent ainsi qu'Anne Sinclair est née à New York, qu'elle a été au lycée aux États-Unis et qu'elle "prépare en ce moment un livre portant sur la vie politique américaine".

M. Strauss-Kahn s'engage à demeurer 24 heures sur 24 dans une résidence de Manhattan sous ce que le document appelle une "surveillance électronique" et qui pourrait consister en des bracelets électroniques. Même si le document ne fait pas formellement le lien, la résidence où il demeurerait est probablement celle de sa fille qui vit de façon "permanente", à Manhattan, selon la requête.

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DSK sera-t-il jugé?
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M. Strauss-Kahn a déjà remis son passeport français à la justice américaine et s'engage à remettre aussi son document de voyage de l'ONU aux autorités afin de prouver qu'il ne quittera pas le territoire américain pendant la durée des procédures légales, poursuit la demande.

"DSK" est visé par sept chefs d'accusation, notamment tentative de viol et séquestration. Il a été incarcéré lundi sur ordre de la juge Melissa Jackson, qui a refusé de le libérer même en échange d'une caution d'un million de dollars. La juge a évoqué un risque de fuite trop important, selon elle.

De son côté, la femme de chambre de l'hôtel Sofitel de Manhattan, une Guinéenne de 32 ans mère d'une fille de 15 ans, qui accuse "DSK" de l'avoir agressée, a témoigné mercredi devant la chambre d'accusation (Grand jury).

Le Grand jury, qui compte entre 16 et 23 jurés populaires, s'est réuni en secret et sans juge pour entendre les éléments de preuve de l'accusation et décider si Dominique Strauss-Kahn devait être inculpé.

Si ce n'est pas le cas, il sortira libre du tribunal, bénéficiant d'un non-lieu. Mais s'il est inculpé, l'ancien patron du FMI devra décider s'il plaide coupable ou non. S'il plaide non coupable, il y aura un procès, probablement dans quelques mois. S'il plaide coupable, sa peine sera négociée entre l'accusation et la défense.

En attendant, M. Strauss-Kahn devait passer mercredi une troisième nuit en prison. Vêtu d'une combinaison carcérale grise d'une pièce, sans ceinture ni bouton, il porte des chaussures sans lacet. La nuit, les gardiens doivent vérifier qu'il respire. Pour cela, ils peuvent être amenés à le réveiller, a dit à l'AFP Norman Seabrook, président d'un syndicat de gardiens de prison.

À la télévision, l'avocat de la plaignante, Jeff Shapiro, a cherché à démonter à l'avance la théorie d'une relation sexuelle consentie entre M. Strauss-Kahn et son accusatrice, qui pourrait être avancée par la défense.

"Quand les jurés vont entendre son témoignage et la voir, quand elle pourra enfin raconter son histoire publiquement", ils vont se rendre compte "qu'il n'y a rien de consenti dans ce qui s'est passé dans cette chambre d'hôtel", a assuré Me Shapiro sur NBC.

Lundi, devant la cour, l'avocat de M. Strauss-Kahn, Benjamin Brafman, avait déclaré: "les preuves médico-légales, selon nous, ne coïncident pas avec un rapport forcé".

Les procureurs ont indiqué lundi qu'ils avaient des preuves montrant qu'il y avait eu une tentative de viol, s'appuyant notamment sur l'examen médical pratiqué sur la plaignante après les faits présumés.

Quoi qu'il en soit l'avocat de l'accusatrice a assuré que sa cliente était prête à venir témoigner devant les tribunaux face à l'ex-patron du FMI, l'un des hommes les plus influents de la planète jusqu'à il y a quelques jours.

"Elle est prête à faire tout ce qu'on lui demandera de faire et à coopérer avec la police ou le ministère public", a dit Me Shapiro. "Elle n'a aucune idée derrière la tête. Elle fait ça parce qu'elle pense qu'il faut le faire et elle va le faire", a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision NBC, rejetant, tout comme le frère de l'accusatrice, toute "théorie du complot".

Une majorité des Français (57%) considère néanmoins que DSK est "victime d'un complot", selon un sondage CSA.

Le FMI n'a eu aucun moyen depuis le début de l'affaire samedi de contacter directement M. Strauss-Kahn, d'abord placé en garde à vue, puis en détention. La situation est inédite: le directeur général est sous les verrous et nie tous les faits qui lui sont reprochés.

En France, le président Nicolas Sarkozy a demandé à ses ministres de "s'abstenir de commenter" l'affaire, de faire preuve de "dignité" et de "hauteur de vue", a rapporté François Baroin, porte-parole du gouvernement.

S'il devait être condamné pour l'ensemble des chefs d'accusation dont il fait l'objet, le patron du FMI risquerait jusqu'à 74 ans de prison.