![La Cour des comptes s'interroge sur l'impartialité de Christine Lagarde dans l'affaire Tapie La Cour des comptes s'interroge sur l'impartialité de Christine Lagarde dans l'affaire Tapie](/data/posts/2022/07/16/1657963944_La-Cour-des-comptes-s-interroge-sur-l-impartialite-de-Christine-Lagarde-dans-l-affaire-Tapie.jpg)
Le Canard Enchaîné a consulté un rapport de la Cour des comptes qui note qu’à plusieurs reprises, la ministre de l’Économie a pris des décisions favorables à Bernard Tapie contre l’avis des services de Bercy.
Si certains imaginent déjà Christine Lagarde à la place de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI, d’autres voient plutôt la ministre de l’Économie s’empêtrer dans l’affaire Bernard Tapie. L’hebdomadaire satirique, le Canard Enchaîné, a révélé, mercredi, que la locataire de Bercy serait passée, à plusieurs reprises, outre les avis de ses propres services afin de pousser à un règlement favorable à l’homme d’affaires Bernard Tapie dans le différend qui l’opposait au Crédit Lyonnais depuis le milieu des années 90.
Selon le journal français, un rapport de la Cour des comptes datant d'octobre 2010 juge discutables plusieurs décisions de Christine Lagarde lorsqu'elle était chargée du dossier Bernard Tapie. Le contrôleur des dépenses publiques s’interroge ainsi sur la pertinence du recours à un tribunal arbitral, pertinence aussi mise en cause par les services de Bercy. "Il était nécessaire de s’assurer par toutes les voies légales, y compris la consultation du Conseil d’État que le CDR [le liquidateur des affaires du Crédit Lyonnais, NDLR] était habilité à recourir à l’arbitrage", écrivent les rapporteurs de la Cour des comptes.
Les magistrats s’étonnent également des 50 millions d’euros prévus au titre de "préjudice" moral maximum dans le compromis d’arbitrage. Le Canard Enchaîné rappelle que la Cour d’appel l’avait fixé à 1 euro symbolique en 2006. La Cour des comptes note par ailleurs que le fait que la CDR n’ait pas été entendue durant la procédure d’arbitrage a mené à un "affaiblissement de la défense sur des points importants".
Enfin, l’absence de recours formé contre la décision du tribunal arbitral est aussi pointée du doigt par le rapport. Il rappelle que les services de Bercy avaient jugé que "l’ampleur exceptionnelle de la condamnation […] justifie en tout état de cause de former un recours en annulation". Un avis qui, rappelle le Canard Enchaîné, n’avait pas été suivi par la ministre de l’Économie.
Christine Lagarde n’avait, mercredi, pas réagi à l’article du Canard Enchaîné.
La Cour de justice de la République pourrait s'en mêler
Le 10 mai, le procureur général auprès de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, a demandé à la Cour de justice de la République d’ouvrir une enquête visant la ministre de l’Économie.
Neuf députés socialistes souhaitent également que la ministre réponde de cette affaire devant la Cour de justice de la République. Ceux-ci estiment en effet que Christine Lagarde s’est rendue coupable d’un "abus d’autorité" afin de "favoriser des intérêts particuliers au détriment de l'intérêt public".
Depuis le milieu des années 90, Bernard Tapie reprochait au Crédit Lyonnais de l’avoir trompé lors de la vente du groupe Adidas par la banque. En 2006, la Cour de cassation avait rendu un verdict défavorable à Bernard Tapie. C’est à la suite de cet arrêt que le recours devant un tribunal arbitral avait été organisé.
À l’issue de la procédure arbitrale, le 7 juillet 2008, Bernard Tapie avait reçu 210 millions d’euros net du CDR. Une décision censée solder plus de 10 ans de procédure judiciaire.