
Les pays de la zone euro, qui ont entériné ce lundi le plan de sauvetage du Portugal, peinent à adopter une position commune sur une nouvelle aide à destination de la Grèce, que ce soit sous forme de prêt ou de rééchelonnement de la dette.
REUTERS - Le plan de soutien au Portugal a été entériné lundi par les ministres des Finances de la zone euro, qui ont également obtenu de la Grèce qu'elle accélère et approfondisse les réformes, en dépit des remous provoqués par l'affaire Dominique Strauss-Kahn.
L'agenda de la réunion mensuelle de l'Eurogroupe a été largement éclipsé par l'inculpation aux Etats-Unis du directeur général du Fonds monétaire international (FMI), qui devait y participer et y a été remplacé par l'un des directeurs généraux adjoints du Fonds, Nemat Shafik.
Les responsables européens avaient assuré avant la réunion que les plans de soutien à la Grèce, à l'Irlande et au Portugal ainsi que les discussions en cours sur l'économie européenne ne seraient pas affectés.
Ils ont comme prévu donné leur feu vert au plan d'aide de 78 milliards d'euros au Portugal, dont la première tranche sera débloqué fin mai, à temps pour les échéances de refinancement du mois de juin, a dit le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn.
A la demande de la Finlande, les autorités portugaises se sont engagées à faire leur possible pour que les privatisations envisagées soient les plus ambitieuses possibles et à insister auprès des créanciers privés pour que ceux-ci maintiennent leur exposition à la dette portugaise.
Il ont également désigné à l'unanimité le président de la Banque d'Italie, Mario Draghi, pour succéder à Jean-Claude Trichet à la présidence de la Banque centrale européenne à la fin de son mandat le 31 octobre prochain.
Différence Lagarde-Juncker
Sur le plat de résistance de la réunion, la situation financière de la Grèce, ils ont en revanche eu plus de mal à serrer les rangs.
Comme le porte-parole d'Olli Rehn plus tôt dans la journée, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a pour la première fois admis ne pas exclure un reprofilage de la dette grecque, même si une restructuration en tant que telle restait totalement exclue.
"Une restructuration profonde n'est pas une option (...) Mais je ne peux pas exclure de manière claire un reprofilage", a-t-il dit lors de la conférence de presse postérieure à la réunion de l'Eurogroupe.
Une perspective immédiatement écartée par la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, qui a indiqué que toute restructuration ou rééchelonnement de la dette grecque était exlu.
"Toute restructuration ou rééchelonnement qui constitueraient un défaut sur un événement de crédit est hors de question", a-t-elle dit en réponse à une question sur un possible reprofilage de la dette grecque.
Le Premier ministre luxembourgeois a toutefois ensuite nuancé ses propos en précisant qu'un tel reprofilage ne pourrait pas intervenir avant que le plan actuel d'aide dont bénéficie la Grèce ne soit mis en oeuvre, de même que le programme de privatisation de 50 milliards d'euros annoncé en début d'année.
Mesures supplémentaires
Il a également indiqué qu'Athènes s'était engagé à prendre de nouvelles mesures d'ajustement afin de tenir les engagements budgétaires pris dans le cadre du plan d'aide internationale qui lui a été octroyé en mai dernier.
La Commission anticipe un déficit grec de 9,5% du PIB en 2011 et de 9,3% en 2012, soit largement au dessus des objectifs de 7,6 et 6,5% définis par le programme d'aide octroyé par l'UE et le FMI, alors que la dette devrait bondir à plus de 166% du PIB d'ici l'an prochain.
L'Eurogroupe, qui a écarté pour le moment un second programme d'aide pour couvrir des besoins de financement de 65 milliards d'euros sur 2012 et 2013, a reporté toute décision au mois de juin, lorsque les résultats de la mission commune UE-FMI en cours auront pu être évalués dans le détail.
D'ici là, les ministres des Finances de la zone euro ont dit espérer qu'un large accord se dessine entre les partis politiques grecs sur les mesures à prendre, comme cela est le cas en Irlande ou au Portugal.
"Si la Grèce remplit ses objectifs budgétaires 2011, si la Grèce parvient à un large accord entre les partis (...) et si la Grèce met en oeuvre des réformes structurelles supplémentaires, je pense que les choses sont faisables", a dit Jean-Claude Juncker. "Je n'ai pas dit qu'elles étaient faciles mais elles sont faisables".