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Les forces de sécurité tuent dix manifestants à Sanaa et Taëz

Les forces de sécurité ont tué dix manifestants mercredi à Sanaa et à Taëz lors de rassemblements d'opposants. Depuis fin janvier, la répression du mouvement de contestation réclamant le départ du président Saleh a fait 160 morts.

AFP - Dix manifestants hostiles au président Ali Abdallah Saleh ont été tués par des tirs des forces de sécurité lors de heurts nocturnes à Sanaa, portant à 16 le nombre de morts au Yémen ces dernières 24 heures, ont indiqué jeudi des sources médicales.

Mercredi après-midi, des milliers de contestataires avaient marché sur le siège de la présidence du gouvernement. Les forces de sécurité avaient ouvert le feu sur eux tuant deux manifestants et des heurts ont ensuite eu lieu dans la nuit dans le même secteur.

"Le nombre total des morts depuis hier (mercredi) à Sanaa a atteint 12", a indiqué une source médicale. En outre, près de 230 manifestants ont été blessés par balles, selon les sources médicales.

D'après plusieurs témoins, des militaires et des partisans du régime en civil ont ouvert le feu sur les milliers de manifestants qui avaient quitté la Place du Changement où ils campent depuis le 21 février, marchant sur le siège de la présidence du gouvernement.

Les tirs ont visé les manifestants alors qu'ils se trouvaient à quelque 200 mètres du bâtiment, jouxtant les locaux de la radio nationale, ont-ils ajouté.

"Le peuple veut marcher sur le palais du président", répétaient les manifestants. Le siège de la présidence est situé à une courte distance du siège de la présidence du gouvernement.

Un témoin a affirmé que "des tireurs embusqués participaient à l'attaque contre les manifestants".

Dans un communiqué diffusé par l'agence officielle SABA, le ministère de l'Intérieur a affirmé que les contestataires avaient tenté de "prendre d'assaut les sièges de la radio et du gouvernement", accusant des hommes armés relevant de l'opposition d'avoir ouvert le feu.

La situation était extrêmement tendue jeudi matin aux abords de la place du Changement, épicentre de la contestation contre le régime, selon des témoins.

Le général Ali Mohsen al-Ahmar, commandant de la région nord-est qui comprend Sanaa, rallié depuis mars aux contestataires, a déployé des renforts en armes et en véhicules blindés autours de la place, d'après ces sources.

Les forces du général al-Ahmar contrôlent le nord et l'ouest de la capitale alors que les forces fidèles au président Saleh tiennent le reste de la ville.

Comme à Sanaa, les manifestants dans plusieurs autres villes du pays ont marché mercredi sur des bâtiments officiels.

A Taëz, à environ 250 km au sud de Sanaa, un foyer de la révolte contre M. Saleh, deux personnes avaient été tuées. A Hodeida (ouest), sur la mer Rouge, un manifestant avait été tué par des tirs de la police, alors qu'à Dhamar (100 km au sud de Sanaa), un autre contestataire a trouvé la mort.

La répression du mouvement de protestation réclamant le départ de M. Saleh, au pouvoir depuis près de 33 ans, a fait au moins 173 morts depuis fin janvier, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et de sécurité yéménites.