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Grève générale et manifestations contre la politique d'austérité

Face au durcissement de la cure d'austérité du gouvernement, des milliers de manifestants doivent défiler ce mercredi dans les principales villes du pays. La Grèce est également paralysée, pour la deuxième fois cette année, par une grève générale.

AFP - La Grèce tourne au ralenti mercredi pour cause de grève générale contre les mesures d'austérité et les privatisations décidées par le gouvernement socialiste qui cherche à obtenir une nouvelle aide internationale afin d'éviter une restructuration de la dette grecque.

Des milliers de manifestants ont commencé de battre le pavé à Athènes contre les sacrifices imposés au pays, à l'appel des centrales syndicales - GSEE pour le privé, Adedy pour les fonctionnaires ainsi que le front syndical communiste Pame -.

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"La grève est particulièrement suivie depuis mardi minuit"
Grève générale et manifestations contre la politique d'austérité

D'importantes forces de police ont été déployées sur le parcours des cortèges, traditionnellement émaillés de violences imputées à des groupes autonomes. Trois employés de banque étaient morts le 5 mai 2010 en marge d'une telle manifestation, asphyxiés dans l'incendie provoqué par un jet de cocktail Molotov.

La grève, la deuxième depuis le début de l'année et la neuvième depuis le début de la crise grecque l'hiver dernier, doit interrompre le trafic aérien de 09H00 à 13H00 GMT durant un arrêt de travail des contrôleurs.

Les deux compagnies grecques, Olympic Air et Aegean, ont annulé des vols.

Les ferries des dessertes des îles sont aussi restés à quai, et les trains en gare, y compris celui desservant l'aéroport d'Athènes.

Les syndicats protestent contre un durcissement de la cure d'austérité, assorti d'une intensification des privatisations (15 milliards d'euros, annoncés mi-avril par le gouvernement), un plan qui est actuellement évalué et discuté avec les représentants des bailleurs de fonds du pays (zone euro, FMI), présents à Athènes.

"Nous sommes en grève contre la politique appliquée et les nouvelles mesures qui frappent unilatéralement les travailleurs et l'emploi et pas les possédants ni les banquiers, ni tous ceux qui ont fait la crise et en profitent" a indiqué à l'AFP Stathis Anestis, secretaire general adjoint de la GSEE.

"Après un an (d'aide internationale), nous sommes hélas dans une situation pire, le chômage a explosé, les salaires sont au plus bas niveau et le pire c'est qu'il n'y a aucune perspective d'issue," a-t-il ajouté.

Pour Héléni Boubouna, salariée du privé, 42 ans et militante de gauche, l'aide accordée par l'UE et le FMI a mené à la "faillite".

"Des 110 milliards d'euros, rien n'a servi aux besoins des gens, nous payons seulement le service de la dette", a-t-elle dit à l'AFP en demandant une "cessation de paiement" du pays.

"Non au bradage" indiquaient certaines banderoles critiquant le programme de privatisations qui prévoit d'ouvrir le capital des grands groupes publics (électricité, eau..) afin de réduire la dette qui a explosé au dessus de 340 milliards d'euros et doit atteindre 152% du PIB d'ici la fin de l'année.

"Si c'était au profit de l'Etat, on serait prêt à des concessions, mais ils ne nous bradent que pour rembourser nos créanciers", regrette dans le cortège Tassoula Carabina, 48 ans, employée du groupe d'électricité DEI-PPC.

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Les Grecs nostalgiques de la drachme
Grève générale et manifestations contre la politique d'austérité

Le train de mesures pris l'année dernière en contrepartie du sauvetage du pays via le déblocage d'un prêt de 110 milliards d'euros par l'UE et le FMI a aggravé la récession et fait grimper le chômage, mais il a aussi échoué pour l'instant à rétablir l'accès du pays aux marchés.

"Le programme de réformes a échoué" a analysé mercredi pour l'AFP Platon Monokroussos, économiste pour Eurobank selon lequel le gouvernement est en train de négocier "un nouvel accord".

Les Européens planchent sur les moyens d'empêcher un défaut grec au cas où les taux d'intérêt imposés au pays, actuellement prohibitifs à plus de 15%, continueraient de l'empêcher de se refinancer sur les marchés en 2012.

Un retour de la Grèce sur les marchés en 2012, comme prévu initialement, est "difficile" à envisager, a concédé la ministre française de l'Economie Christine Lagarde, mais une restructuration de la dette grecque est exclue "sous toutes ses formes".