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Aqmi nie son implication dans l'attentat meurtrier de Marrakech

Le gouvernement marocain était sur la piste du groupe djihadiste depuis l'attentat du 28 avril, au Café Argana. Mais dans un communiqué publié vendredi, Aqmi "dément toute relation avec cette explosion et (affirme) n'être aucunement impliqué".

AFP - Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a nié toute implication dans l'attentat meurtrier de Marrakech, au Maroc, démentant la piste initialement évoquée par les enquêteurs.

Dans un communiqué en arabe daté de vendredi et diffusé par une agence mauritanienne privée en ligne, l'Agence Nouakchott Informations (ANI), Aqmi rappelle l'attentat qui a fait 17 morts, dont 8 Français, le 28 avril, puis les informations des autorités marocaines qualifiant le principal suspect d'"admirateur d'Al-Qaïda".

"Nous démentons toute relation avec cette explosion et affirmons n'être aucunement impliqués dans cette opération", assure la branche régionale du réseau islamiste dans son communiqué.

Celui-ci n'a pu être authentifié immédiatement mais l'ANI a régulièrement publié par le passé des communiqués ou des déclarations de membres d'Aqmi sans jamais avoir été démentie.

"Nous affirmons que, en dépit du fait que parmi nos priorités (...) figurent des frappes contre les juifs et les croisés (les Occidentaux, ndlr), ainsi que contre leurs intérêts, nous nous employons cependant à choisir le moment et le lieu qui ne seraient pas en contradiction avec les intérêts de la Nation (musulmane) et son action vers l'objectif de sa libération", ajoute Aqmi.

Adil El-Atmani, djihadiste solitaire ?

Le lendemain de l'attentat, le ministre marocain de l'Intérieur Taieb Cherkoui avait déclaré que le mode opératoire rappellait le "style utilisé d'habitude par Al-Qaïda". Les autorités disaient lundi être "toujours sur la piste" d'Al-Qaïda".

Vendredi, après l'arrestation de trois Marocains, Taieb Cherkaoui a décrit ceux-ci comme des "admirateurs d'Al-Qaïda". Le principal suspect est "fortement imprégné de l'idéologie jihadiste" et "exprime ouvertement son allégeance pour Al-Qaïda", a-t-il déclaré, sans dire explicitement s'il faisait parti de l'organisation. Il a "tenté plusieurs fois de rejoindre les points chauds du terrorisme, mais il a échoué", a-t-il ajouté.

Selon le politologue marocain Mohamed Darif, "on semble être face à une personne qui n'a pas de lien organisationnel" avec Al-Qaïda. "Il cherche à mener le jihad à sa manière", assure-t-il. "Al-Qaïda est plus dans ce cas une doctrine qui inspire", dit-il. Sa fascination pour Al-Qaïda ne signifie rien sur le plan organisationnel", a poursuivi ce spécialiste de l'islamisme.

Selon une source de la sécurité marocaine anonyme, le suspect s'appelle Adil El-Atmani et, d'après d'autres sources, il est âgé de 25 ans.

Une manifestation pour "dénoncer le terrorisme et insister sur la démocratie"

La Mauritanie est l'un des pays les plus touchés par les activités d'Aqmi qui a des bases au Mali, pays voisin, et opère dans le Sahel où elle commet attentats, enlèvements, essentiellement de ressortissants occidentaux, et divers trafics.

Dans un entretien au journal français Le Monde publié vendredi, le chef de la Direction centrale du renseignement intérieur français, Bernard Squarcini, a estimé que les effectifs d'Aqmi étaient de 400 hommes, contre 150 il y a deux ans.

Aqmi détient en otages depuis la mi-septembre 2010 quatre Français enlevés dans le nord du Niger, ainsi qu'une Italienne enlevée en février dans le sud de l'Algérie.

A Marrakech, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées samedi sur le lieu de l'attentat pour dire "non au terrorisme" et une manifestation est prévue dimanche à l'appel du mouvement pro-démocratie du royaume.

Le ministre marocain du Tourisme Yassir Zénagui et la consule générale de France à Marrakech Chantale Chauvin ont participé au rassemblement devant le café visé par l'explosion.

De son côté, le Mouvement du 20 février, qui revendique des réformes politiques profondes au Maroc, a appelé à une manifestation au même endroit pour "dénoncer le terrorisme et insister sur la démocratie."