
Après le repêchage en mer des deux boîtes noires du vol Rio-Paris qui s'est abîmé en mer le 1er juin 2009 avec 228 personnes à bord, une tentative de remontée des corps des passagers va être menée dans les prochaines 48 heures.
AFP - Le mystère de l'accident du Rio-Paris englouti dans l'Atlantique en 2009 est peut-être en passe d'être levé après le repêchage des deux boîtes noires de l'appareil d'Air France, qui sera suivi d'ici jeudi d'une tentative de remontée de corps de passagers.
Une source proche des recherches s'est toutefois montrée très prudente sur le résultat de cette opération, qui sera menée "d'ici 24 à 48 heures" par les gendarmes.
Elle a notamment invoqué la longue durée d'immersion des victimes de l'accident de l'A330, qui s'était abîmé dans l'Atlantique sud le 1er juin 2009 avec 228 personnes à bord.
Cette tentative est du ressort de la justice française qui a déjà mis en examen Airbus et Air France pour homicides involontaires.
Pour ce qui est de l'enquête technique, menée par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), l'explication de l'accident pourrait être imminente, après l'analyse des deux boîtes noires de l'appareil. Après la première dimanche, la seconde a été repêchée lundi soir, a annoncé mardi le BEA.
"L'enregistreur phonique - Cockpit Voice Recorder (CVR) - a été localisé et identifié par l'équipe d'enquête à 21H50 GMT (23H50 à Paris) lundi. Il a été remonté par le robot Remora 6000 à bord du navire Ile-de-Sein à 02H40 GMT (04H40 à Paris) ce matin", mardi, a indiqué l'organisme dans un communiqué.
Vingt-trois mois de recherche et 35 millions d'euros dépensés
Lancés dans des investigations hors normes depuis 23 mois (35 millions d'euros dépensés, un record pour la France), les enquêteurs avaient annoncé dimanche avoir repêché la première boîte noire, le Flight Data Recorder (FDR), enregistreur des paramètres du vol.
"La (seconde) boîte noire est entière. Le châssis, le module et même le cylindre de balise sont là. Globalement, l'aspect extérieur du boîtier est (...) en bon état", a déclaré à l'AFP le directeur du BEA, Jean-Paul Troadec.
"Ce deuxième succès (...) confirme que les moyens mis en oeuvre étaient nécessaires pour faire toute la lumière sur ce drame", a commenté le secrétaire d'Etat aux Transports, Thierry Mariani.
"Ils justifient les moyens sans précédents déployés par les pouvoirs publics, Airbus et Air France", a renchéri le directeur général d'Air France-KLM, Pierre-Henri Gourgeon.
Le président d'Airbus, Tom Enders, espère que les données seront lisibles, une attente partagée par les familles des victimes.
Comme la première boîte noire (également en bon état apparent), le CVR a été mis sous scellé judiciaire. Placé dans un container rempli d'eau pour le conserver dans son état actuel, il restera ainsi immergé jusqu'à son dépouillement au BEA au Bourget, près de Paris, qui commencera d'ici huit jours.
"Si on arrive à lire les deux enregistreurs, on arrivera à comprendre ce qui s'est passé", a commenté M. Troadec. Cela dépendra du phénomène de corrosion qui a pu endommager une partie des données.
Bientôt la vérité dans sa totalité
La lecture de tout ou partie des données prendra de quelques jours à quelques semaines.
A ce jour, les enquêteurs ont déterminé que la défaillance des sondes de vitesse, dites Pitot (fabricant Thales) était l'une des causes de la tragédie. Mais ils estiment que ce dysfonctionnement (givrage à haute altitude) ne peut expliquer à lui seul l'accident.
Les enquêteurs avaient localisé début avril les débris de l'appareil à 3.900 mètres de profondeur, non loin de sa dernière position connue, avant de lancer la semaine dernière les ultimes investigations.
Le directeur du BEA a précisé que "toutes les pièces" que les enquêteurs "souhaitaient repêcher" avaient été identifiées. Leur repêchage va démarrer "très prochainement".