
Remarquée au plan diplomatique depuis le début des révoltes arabes, la France a pris dimanche les rênes du Conseil de sécurité de l'ONU. Les divisions entre les 15 membres du Conseil sont profondes, notamment sur la Syrie et la Libye.
AFP - La France prend dimanche et pour un mois la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU, au moment où la diplomatie de Paris s'avance tous azimuts sur la scène internationale, sur fond de crises dans le monde arabe.
"Il y a évidemment des sujets qui vont nous suivre: la Syrie et la Libye", déclare à l'AFP Gérard Araud, ambassadeur de France auprès de l'ONU.
La crise syrienne divise profondément les 15 pays membres du Conseil, avec ceux qui, comme la Russie, ne veulent pas d'une implication de l'ONU dans ce pays, un mois après avoir autorisé un recours à la force contre le régime libyen.
Paris, qui s'était démené pour engager la communauté internationale contre Mouammar Kadhafi, n'est pas parvenu lors de la semaine écoulée à faire condamner le régime de Damas, accusé d'avoir tué des centaines de manifestants.
En attendant, la guerre civile continue à faire rage en Libye et l'envoyé spécial de l'ONU pour ce pays, le Jordanien Abdel Ilah Khatib, va présenter la semaine prochaine au Conseil ses efforts pour instaurer un cessez-le-feu.
Quant au procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, il viendra mercredi devant le Conseil de sécurité pour parler de ses efforts engagés contre le régime de Kadhafi.
Un débat sur la République démocratique du Congo
Mais la présidence française sera marquée aussi le 18 mai par une journée de débat sur la République démocratique du Congo, théâtre d'un conflit oublié où sont morts des millions de personnes et où des dizaines de milliers de femmes ont été violées.
"Pour nous, le moment fort du mois sera le débat sur la République démocratique du Congo. Evidemment, c'est un sujet qui ne fait pas la première page des journaux, mais c'est le genre de sujet qui fonde d'une certaine manière la dignité des Nations unies", observe M. Araud, rappelant que l'opération des Casques bleus dans ce pays est la plus importante du monde, avec près de 20.000 hommes.
"C'est un conflit extrêmement difficile, extrêmement sanglant et qui n'intéresse pas grand monde. C'est-à-dire les acteurs majeurs de la communauté internationale, parce qu'ils n'y ont pas d'intérêt et d'une certaine manière ne s'y impliquent pas. Ce sont les Nations unies qui y vont et elles seules".
Le débat doit permettre d'étudier une modification du statut de l'ONU, qui, de force de maintien de la paix, voudrait devenir une force de construction de la paix avec des attributions pour la construction d'un Etat.
Le Conseil entreprendra aussi en mai un voyage d'une semaine en Afrique. D'abord à Nairobi pour traiter de la question somalienne et puis au Soudan, afin de discuter à Juba (sud-Soudan) et à Khartoum de l'indépendance du futur Etat sud-soudanais, dont l'indépendance sera proclamée le 9 juillet.
Pour M. Araud, présider le Conseil de sécurité est "un devoir, parce que nous devons prouver que la France apporte quelque chose au Conseil. Elle le fait pendant douze mois, mais en présidence c'est évidemment une occasion particulière, surtout en ce qui concerne le style".
"Parce que ce Conseil de sécurité, je le trouve un peu formaliste. Chacun lit ses discours. Alors j'ai déjà fait une première évolution, qui, évidemment ne va pas très loin: j'ai réussi lors de ma dernière présidence, c'était en février 2010, à faire en sorte que l'on s'appelle par nos prénoms en consultations en séance privée", rapporte l'ambassadeur.
"Vous me direz que ce n'est pas très révolutionnaire, mais je vais essayer de nouveau de donner un peu plus aux discussions le caractère d'un véritable échange. Nous avons très souvent, trop souvent, une suite de monologues. Je vais essayer de faire entrer un peu de fantaisie française", promet-il.