Samedi, le Borussia Dortmund a été sacré champion d'Allemagne. L'équipe compte en effet huit points d'avance à deux journées de la fin et ne peut plus être rejointe. Le club était pourtant au bord du dépôt de bilan en 2005.
AFP - Après neuf ans de disette et une déroute financière qui a failli lui être fatal, le Borussia Dortmund a retrouvé sa place samedi parmi les grands d'Allemagne avec une équipe historiquement jeune et un entraîneur, Jürgen Klopp, sans palmarès ni complexe.
A la 32e minute du match contre Nuremberg, le Paraguayen Lucas Barrios a ouvert la marque et propulsé les 80.000 spectateurs tout de jaunes vêtus du Signal Iduna Park au septième ciel.
Comme le Bayer Leverkusen, dernière équipe à pouvoir empêcher le sacre de Dortmund, s'est incliné à Cologne (2-0), Dortmund, finalement vainqueur 2 à 0, compte huit points d'avance et ne peut plus être rejoint à deux journées de la fin.
Le triomphe du Borussia a pris beaucoup d'observateurs de court, mais ne souffre d'aucune contestation, comme l'ont prouvé ses démonstrations devant le Bayern Munich (2-0 et 3-1), le Bayer Leverkusen (3-1) ou encore son voisin détesté, Schalke 04 (3-1 à Gelsenkirchen).
Leader depuis la 8e journée, le nouveau champion est l'une des meilleures équipes de l'histoire de la Bundesliga avec ses records de victoires à l'extérieur (11 dont huit consécutives), de précocité (23 ans de moyenne d'âge) et de buts concédés (19).
La saison avait pourtant très mal débuté: après l'inquiétante défaite à domicile contre le Bayer Leverkusen (2-0), la colère des supporteurs grondait déjà contre Klopp qu'ils accusaient d'avoir négligé son équipe et bâclé son recrutement pour se concentrer sur ses activités de consultant télé durant la Coupe du monde en Afrique du Sud.
200% en Bourse
Mais l'ancien joueur et entraîneur de Mayence a reconduit son équipe pour le match suivant avec la recrue japonaise Shinji Kagawa, le prodige Mario Götze et les nouveaux venus Marcel Schmelzer et Kevin Grosskreutz.
Et Dortmund a balayé Stuttgart (3-1,) puis Wolfsburg (2-0) et Schalke 04 (3-1) jusqu'à déloger l'étonnante équipe de Mayence de la tête lors de la 8e journée.
Leaders pour la première fois depuis 2002, les "Jaunes et Noirs" qui concéderont leur première défaite mi-décembre (1-0 à Francfort), écoeurent la concurrence avec leur enthousiasme offensif, leur engagement physique et leur esprit d'équipe.
Grâce aux éliminations prématurées en Coupe d'Allemagne et Europa League, le club de la Ruhr a réussi à digérer sans trop de dommages la longue indisponibilité de Kagawa, une sortie d'hiver délicate (huit points engrangés entre les 26e et 31e journées) et le baroud d'honneur de Leverkusen.
"Mes joueurs sont affamés et forment un groupe rare. Comme l'a résumé l'un d'entre eux, ils préféreraient se blesser pour les autres que les laisser tomber", admire Klopp.
L'entraîneur de 43 ans a accompli la mission pour laquelle il avait été recruté en 2008.
Dortmund, au bord du dépôt de bilan en 2005 avec 120 millions d'euros de dettes, est redevenu une puissance de Bundesliga et peut envisager sereinement l'avenir avec sa talentueuse jeunesse et des finances assainies.
Même si l'action du seul club allemand coté en Bourse a progressé de... 200% depuis juillet, sa marge de manoeuvre reste réduite, notamment face au Bayern Munich qui, après l'incroyable expérience d'autodestruction menée par Louis van Gaal, ne se contentera pas la saison prochaine d'une 3e ou 4e place.