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La rue rejette le plan de sortie de crise que le président Saleh s'apprête à signer

Des dizaines de milliers de personnes étaient de nouveau dans les rues vendredi pour exiger le départ du président Saleh. Elles rejettent l'immunité prévue dans l'accord de sortie de crise que le président yéménite est censé parapher samedi.

REUTERS - Le président du Yémen devrait signer ce samedi un accord de sortie de crise qui prévoit un transfert du pouvoir en trois mois en échange de l'immunité, un plan rejeté par les manifestants qui réclament son départ immédiat et des poursuites judiciaires à son encontre. Ali Abdullah Saleh, qui dirige cet Etat du sud de la péninsule arabique depuis près de 33 ans, a donné un accord de principe au document préparé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), alliance régionale politique et militaire.

En cas d'accord, il serait le troisième chef d'Etat à quitter le pouvoir à la suite d'une vague de soulèvements populaires sans précédent qui a eu raison depuis janvier des présidents de Tunisie et d'Egypte. Saleh, opposé à la présence de représentants du Qatar, a contraint les médiateurs à faire quelques aménagements concernant l'organisation de la cérémonie de signature qui s'étalera sur deux jours.

Ainsi, il apposera samedi sa signature à Sanaa, la capitale yéménite, tandis que l'opposition signera le document dimanche dans la capitale souadienne, Ryad, dimanche, en présence du chef du parti gouvernemental yéménite.

Le Premier ministre du Qatar avait indiqué début avril que le CCG souhaitait le départ de Saleh et, à plusieurs reprises, le président yéménite a accusé la chaîne de télévision Al Qaïda, basée au Qatar, d'inciter aux désordres dans son pays.

Vague de protestations

La tension est montrée d'un cran mercredi lorsque des hommes armés en civil ont tué 12 manifestants à Sanaa. L'opposition a prévenu le gouvernement que les violences contre les manifestants risquaient de faire échouer l'accord.

Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues vendredi pour exiger le départ immédiat de Saleh avant de participer à une marche funéraire pour les 12 manifestants.

"Le peuple veut le procès de l'assassin", ont scandé quelques manifestants hostiles au chef de l'Etat.

Les manifestants exigent que Saleh soit poursuivi pour corruption et pour la mort de quelque 142 manifestants depuis le début des manifestations entamées il y a trois mois.

L'accord du CCG accorde l'immunité à Saleh, qui a longtemps été un allié des Etats-Unis dans la lutte contre Al Qaïda dans la péninsule arabtique (Aqpa), à sa famille et à ses conseillers.

Selon le projet, Saleh devra remettre les rênes du pays à son vice-président dans un délai d'un mois après la signature de l'accord. Un responsable de l'opposition devrait ensuite prendre la tête d'un gouvernement intérimaire chargé de préparer l'élection présidentielle deux mois plus tard.