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Sarkozy vend son plan de relance en direct à la télévision

Une semaine après les manifestations du 29 janvier, le président Nicolas Sarkozy s'est adressé aux Français pour les rassurer sur les efforts du gouvernement en matière de lutte contre la crise et le chômage.

Jour pour jour, il aura fallu tout juste une semaine à Nicolas Sarkozy pour préparer sa réponse aux inquiétudes manifestées par 1 à 2 millions de Français descendus dans la rue le 29 janvier.


Le président de la République a choisi de s’expliquer, jeudi soir, devant quatre journalistes de radio et télévision lors d’une émission spéciale de 90 minutes intitulée "Face à la crise", diffusée sur TF1, France 2, M6 et RTL. Jeudi matin, ses conseillers n'ont pas manqué de divulguer ce détail : en ces temps d’austérité, l’Elysée a choisi de recycler le décor de sa précédente intervention présidentielle, en avril dernier.


Deux mois après l’annonce du plan de relance, Nicolas Sarkozy doit maintenant s’efforcer de rendre cohérent le catalogue de mesures dont l’opinion – à en croire le slogan des manifestants – a surtout retenu le chiffre de 360 milliards d’euros associé au plan de sauvetage des banques.


"Le président ne doit pas seulement expliquer mais convaincre", commente Christian Delporte, spécialiste de l’histoire de la communication politique à l’université Versailles-saint-Quentin, dans le journal "Les Échos". "Aujourd’hui le plan gouvernemental paraît décalé par rapport  aux attentes immédiates." La politique du gouvernement donne en effet la priorité à la relance de l’investissement des entreprises, plutôt qu'à  la consommation des ménages.  

Crise de popularité


Le Président Sarkozy peut s’enorgueillir du fait que son plan de relance a été plutôt bien accueilli à l’étranger. Mais les Français se montrent moins magnanimes, comme le montrent les sondages cette semaine.


Selon un sondage CSA pour "Le Parisien- Aujourd’hui en France" du 4 février, seuls 39 % des Français disent faire confiance à Nicolas Sarkozy pour affronter les problèmes du pays, soit une baisse de cinq points par rapport au mois dernier. C’est son plus faible score depuis l’été 2008. 

"La variable essentielle de ce reflux est la question sociale", explique Stéphane Rozès, directeur général de CSA, en soulignant que c’est auprès des salariés et des employés du service public que la popularité présidentielle enregistre la plus forte chute.

L’annonce, cette semaine, de la hausse de 2,2 % du taux de chômage en décembre – pour le huitième mois consécutif après cinq ans de baisse –, et la succession des communiqués sur les plans sociaux n’est de nature à rassurer ni les Français, ni le chef de l’Etat.

Garder le cap des réformes


Le gouvernement s’attache à répéter qu’il n’entend pas changer le cours des réformes destinées à relancer l’investissement pour limiter la destruction des emplois. Aux appels successifs du Parti socialiste et des syndicats à donner un coup de pouce à la consommation, le Premier ministre François Fillon et le président opposent une fin de non-recevoir.

Il y a peu de chance que Nicolas Sarkozy fasse des grandes annonces. Mais il pourrait faire allusion à de petits infléchissements de circonstance, en particulier en faveur de l’emploi des jeunes et des ménages aux plus bas revenus. Gestes qui ne suffiront probablement pas à amadouer les syndicats, qui doivent rencontrer le chef de l’Etat, le 18 février, puis décider de la suite à donner au mouvement de contestation.

Des députés de la majorité suggéraient également, mercredi, que Nicoals Sarkozy pourrait s’attaquer au problème de la distribution des dividendes aux actionnaires, dans la lignée de l’annonce par le président Obama d’une mesure visant à plafonner le salaire des patrons des entreprises américaines bénéficiant d’aides publiques.



Le président, qui s’autoproclamait le candidat du pouvoir d’achat pendant la campagne présidentielle en 2007, saura-t-il convaincre ? "Il faut des réponses tout de suite pour boucler nos fins de mois", déclare Mickaël Deschamps, ouvrier chez Renault, dans le journal "Le Parisien". A bon entendeur …