Au lendemain de l’enquête "Foot français: les dirigeants veulent moins de noirs et d'arabes", publiée par le site d’information Mediapart, la polémique enfle. FRANCE 24 vous propose un florilège des réactions recueillies à travers les médias.
Chantal Jouanno, ministre des Sports :
"Je prends acte du démenti de la Fédération Française de football quant à l'existence d'une telle politique et je l'invite à faire très rapidement toute la lumière sur les allégations de l'article [...] La discrimination n'a pas sa place dans le sport [...] Je sais que Fernand Duchaussoy, le président de la Fédération Française de Football, sera intransigeant et qu'il prendra toutes les mesures nécessaires sans délai. Je serai bien évidemment en contact avec lui pour suivre de très près les suites à donner à cette affaire."
Fernand Duchaussoy, président de la FFF :
"Toute la lumière sera faite sur cette affaire. Je démens toutes les accusations. Nous ferons une enquête et si à la suite de cette enquête, il y a des choses à reprocher à ceux qui nous accusent, nous contre-attaquerons".
Laurent Blanc, sélectionneur de l'équipe de France :
"Il n'y a pas de tel projet qui ait été révélé au sélectionneur que je suis. Tout cela, pour moi, est faux, c'est un mensonge. […] Il n'y a pas de projet reposant sur des critères de couleur ou de nationalité, à ma connaissance, et je n'imagine pas que quelqu'un à la Direction technique nationale ait pu avoir une telle intention."
François Blaquart, directeur technique national :
"Aucune directive dans ce sens n'a été donnée. On a fait un état des lieux sur la binationalité. 45% de nos jeunes qui sont en sélection ont une double nationalité et la question que l'on s'est posée est 'est-ce que le rôle de la Fédération est de former les joueurs des autres pays'. […] Une large réflexion s'est engagée sur la sélection et la formation mais je démens les accusations de Mediapart. Aucune consigne n'a été donné aux centres de formation ni aux pôles espoirs."
Didier Deschamps, entraîneur de l’Olympique de Marseille :
"On ne peut pas croire à de telles réunions et à de telles décisions. Regardez notre équipe, il y a des joueurs qui viennent d'Afrique noire, d'Afrique du Nord ou encore d'Amérique du Sud. Ça créé le buzz, mais je suis comme Saint-Thomas, je ne crois que ce que je vois. Après, ce n'est que du bla-bla. Il est très grave de porter de telles accusations. […] Laurent Blanc, je l'ai côtoyé comme joueur dans le groupe France 98 qui fut une équipe multiraciale. Je ne peux pas penser qu'il puisse être associé à de telles décisions. On était fier et on l'est toujours de cette identité. (à l'AFP)
Le club de l’Olympique de Marseille :
"Selon le site Mediapart, le centre de formation de l'Olympique de Marseille aurait instauré des quotas raciaux dans ses effectifs. Extrêmement choqués par ces accusations, l'ensemble des dirigeants de l'Olympique de Marseille refuse d'entrer dans cette polémique totalement infondée. Comme le déclare José Anigo (directeur sportif, 'c'est honteux de porter pareilles accusations contre notre club (...) J'invite celui qui le souhaiterait à venir jeter un œil sur nos effectifs. A l'OM, on a toujours considéré que cette mixité est une richesse."
Le club de l’Olympique Lyonnais :
"L'Olympique Lyonnais dément avec la plus grande fermeté les allégations de Mediapart l'accusant d'avoir mis en place un principe de quota discriminatoire dans son centre de formation. L'Olympique Lyonnais s'indigne de cet odieux procès d'intention, sans aucun fondement, qui lui est fait, et informe qu'il a immédiatement demandé à ses conseils d'étudier les voies de recours pour défendre son honneur ainsi bafoué sur ses valeurs les plus fondamentales."
Claude Puel, entraîneur de l’Olympique Lyonnais :
"Je trouve que ce sont des insultes par rapport au club et je n'imagine même pas que Laurent Blanc ou la FFF, connaissant les personnes, puissent penser ce genre de choses. Cela m'embête beaucoup de devoir commenter ce genre d'allégations scandaleuses. […] Quoi dire par rapport à un média en mal de notoriété ou qui veut s'en faire une sur le football ? C'est scandaleux. […] "Je n'ai pas à démentir. Ce serait se justifier et il n'y a aucune justification à avoir." (à l'AFP)
Jean-Pierre Louvel, président de l’Union des clubs professionnels de football :
"Au nom de l'UCPF, je souhaite que la lumière soit faite le plus rapidement possible sur ces graves accusations. Nous œuvrons tous les jours, tant dans nos clubs que dans nos centres de formation, à l'intégration dans tous les sens du terme et à l'éradication de tout type de discrimination [...] Aucun de nos dirigeants n'a jamais eu connaissance officiellement ou officieusement de pratiques de cet ordre." (à l'AFP)
Patrick Braouezec, président de la Fondation du football :
"À aucun moment nous n'avons entendu parler de quotas dans des centres de formation en fonction de l'origine des gens. Cela me surprend beaucoup car la Fondation est née à l'origine d'une volonté de la Fédération de réfléchir sur ces questions de respect, de respect de l'autre. Je ne sais pas sur quoi se base Mediapart. Si cela était vérifié, nous réagirions. Au sein même de la Fondation, au conseil d'administration, nous avons des représentants du football amateur, du football professionnel, des membres de la FFF, et tout cela serait vraiment en contradiction avec ce qu'ils défendent au sein même de la Fondation." (à l'AFP)
Lilian Thuram, ex-défenseur central de l’équipe de France :
"Je suis tellement abasourdi que je ne sais pas quoi répondre. C’est tout un monde qui s’écroule. Mais je ne veux pas être dans l’émotion pour réagir. J’attends d’avoir plus d’éléments. C’est pourquoi je souhaite m’entretenir avec les gens de Mediapart. Si cette histoire est vraie, elle ne doit pas s’arrêter là." (au journal L'Équipe)
Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille, :
"Le football français est à l'image de sa société. Il est raciste et il exclut, affirme l’ancien président de l’Olympique de Marseille. […] Je ne dis pas que [ces accusations] sont vraies mais, en tout cas, elles reflètent totalement la réalité de l'heure et du moment." (au micro de RMC)
Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) :
"Si ces informations s'avéraient exactes, cette politique discriminatoire, contraire à la Constitution française et constitutive d'un délit, relèverait de la justice devant laquelle la Licra n'hésiterait pas à porter l'affaire [...]. Il est indéniable que ces éventuelles pratiques s'inscrivent dans un contexte qui dépasse largement le sport [...]. Le sport était jusqu'alors relativement épargné par la discrimination puisqu'il donnait la prime au mérite et au talent des pratiquants. Cette affaire démontre clairement que le football ne l'est plus."