
Au lendemain de l'arrestation du chef de l'opposition Kizza Besigye, les protestataires se sont de nouveau réunis dans la capitale ougandaise, Kampala, pour s'insurger contre le coût de la vie. Deux personnes ont succombé à leurs blessures.
AFP - Des émeutes ont éclaté vendredi à Kampala, faisant au moins deux morts par balle, au lendemain de la quatrième arrestation en un mois du chef de l'opposition Kizza Besigye qui mène un mouvement de protestation contre la cherté de la vie.
Deux personnes sont mortes de blessures par balles et près de 120 blessés ont été hospitalisés, dont onze avec des blessures par balles, a indiqué à l'AFP une porte-parole de la Croix rouge ougandaise, Catherine Ntabadde.
Les protestataires ont érigé des barricades sur plusieurs avenues du centre-ville et brûlé des pneus, tandis que les policiers faisaient usage de grenades lacrymogènes et de tirs à balles réelles pour les disperser, a constaté l'AFP.
Des violences ont également eu lieu dans des quartiers populaires en périphérie de la ville, où la police était déployée en masse.
"Ca a commencé ce matin quand des groupes de jeunes se sont mis à brûler des pneus et ont installé des barricades de fortune autour du marché de Kiseka", a déclaré une porte-parole de la police, Judith Nabakooba.
Des policiers anti-émeutes et des éléments de la police militaire ont été immédiatement déployés pour disperser les manifestants et dégager les rues, a précisé Mme Nabakooba, assurant "ne pas encore avoir établi" la cause des violences.
Aux urgences de l'hôpital de Mulago, dans le centre-ville, les personnels médicaux tentaient de gérer l'afflux d'une soixantaine de patients, dont certains étaient allongés à même le sol dans les couloirs.
Julius Lubega, adolescent de 15 ans, a reçu une balle dans la cheville: "je rentrais de l'école quand j'ai été touché" par un tir de la police.
"Ils étaient une dizaine, un policier en uniforme et une dizaine d'hommes en civils", a raconté pour sa part Martin Trust, 21 ans, électricien.
Une représentante de l'organisation Human Rights Watch (HRW), Maria Burnett, a exigé une "enquête officielle" sur les tirs à balles réelles des forces de l'ordre.
Ces violences interviennent au lendemain de l'arrestation, pour la quatrième fois en moins d'un mois, du leader de l'opposition Kizza Besigye.
La police a interpellé l'opposant pendant plusieurs heures, après avoir brisé les vitres de sa voiture et l'avoir aspergé de gaz lacrymogènes. Il a été libéré dans l'après-midi, et reste sous le coup de plusieurs inculpations, notamment d'incitation à la violence et participation à un rassemblement illégal.
M. Besigye est à la tête d'un mouvement contre la cherté de la vie enclenché le 11 avril, près de deux mois après sa troisième défaite à l'élection présidentielle face au chef de l'Etat sortant Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986.