Le Hamas et le Fatah, les deux mouvements rivaux des Territoires palestiniens, se sont mis d'accord mercredi pour former un gouvernement d'union qui sera notamment chargé de fixer les prochaines échéances électorales.
AFP - Les frères ennemis palestiniens, le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas islamiste, sont convenus mercredi au Caire, à la surprise générale, de former un gouvernement non partisan jusqu'à des élections présidentielle et législatives d'ici un an.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a aussitôt dénoncé ce rapprochement, sommant M. Abbas de "choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas", le président de l'Autorité palestinienne lui répliquant qu'il lui incombait de "choisir entre la paix et la colonisation".
Le Conseil de sécurité nationale américain, tout en se disant favorable à "une réconciliation entre les Palestiniens", s'est inquiété d'une participation du Hamas à cet exécutif transitoire, pressant "tout gouvernement palestinien" de "renoncer à la violence, de respecter les accords conclus et de reconnaître le droit à l'existence d'Israël".
La question ne devrait pas se poser a priori puisque les deux parties ont précisé que ce gouvernement serait composé d'indépendants, après la signature dans une semaine au Caire de l'accord de réconciliation.
Le chef de la délégation du Fatah, Azzam al-Ahmad, a annoncé à l'AFP un accord pour la formation d'un "gouvernement d'indépendants".
"Ce gouvernement devra préparer des élections présidentielle et législatives d'ici un an", a-t-il ajouté.
Le chef de la délégation du Hamas, Mahmoud Zahar, idéologue du mouvement à Gaza, a confirmé cet accord sur un gouvernement de "personnalités indépendantes", précisant qu'il prévoyait la convocation simultanée des élections présidentielle, législatives et au Conseil national palestinien (CNP, Parlement de l'Organisation de libération de la Palestine).
Il a souligné que le Fatah et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Gaza, avaient réglé la question de la réunification des forces de sécurité, un de leurs principaux différends.
Les consultations sur le gouvernement commenceront après "la signature mercredi par les groupes palestiniens de l'accord de réconciliation" au Caire, a indiqué Moussa Abou Marzouk, numéro deux du bureau politique du Hamas, membre de la direction du mouvement en exil à Damas.
L'accord a été annoncé après une rencontre des deux délégations avec le chef des services du renseignement égyptiens, le général Mourad Mouafi.
Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a "salué les efforts égyptiens pour réaliser la réconciliation et rétablir l'unité et mettre fin au siège" de Gaza, dans une conversation avec le Guide des Frères musulmans égyptiens, Mohammed Badie, qui l'a appelé pour le féliciter, selon un communiqué officiel.
Le Premier ministre de l'Autorité palestinienne, Salam Fayyad, a dit "espérer" que cet accord conduise à "la réunification de la nation, nécessaire pour permettre à notre peuple de décider de son destin et d'établir un Etat indépendant sur la totalité des territoires occupées depuis 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale".
M. Abbas s'était déclaré le 16 mars "prêt à retarder la formation du gouvernement" que devait former M. Fayyad et à "aller demain à Gaza pour mettre fin à la division et former un gouvernement de personnalités nationales indépendantes (...) pour préparer des élections" dès que possible.
De nombreux Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie se réjouissaient de l'accord, espérant une véritable réunification entre les deux territoires, de plus en plus déconnectés depuis l'éviction de l'Autorité palestinienne de Gaza par le Hamas en juin 2007, selon les premières réactions recueillies par l'AFP.
Des dizaines de milliers de Palestiniens ont manifesté ces dernières semaines pour la "fin de la division", contraignant leurs dirigeants rivaux à exprimer leur soutien à la réconciliation, qui piétinait depuis la signature avortée en octobre 2009 d'un document sous médiation égyptienne.
Cet accord intervient au moment où les Palestiniens, désespérant de négociations de paix avec Israël interrompues depuis six mois, veulent porter leur demande de reconnaissance d'un Etat devant l'ONU en septembre.