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La Réserve fédérale révolutionne sa communication

Il s'agit d'une petit révolution au sein de la Fed, jusqu'à présent réputée pour sa culture du secret : son patron, le controversé Ben Bernanke, organise ce mercredi la première conférence de presse de l'institution depuis sa création en 1913.

AFP - Le président de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), Ben Bernanke, a porté un nouveau coup à la réputation de secret et d'opacité de son institution en décidant de tenir des points de presse réguliers.

M. Bernanke "tiendra des points de presse quatre fois par an pour présenter les dernières prévisions économiques du Comité de politique monétaire de la Fed et pour fournir des éléments circonstanciels supplémentaires sur les décisions du Comité", a indiqué la Fed dans un communiqué.

Le premier point de presse est programmé pour le 27 avril, à l'issue de la prochaine réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale. Deux autres sont prévus pour 2011: les 22 juin et 2 novembre.

C'est une révolution en matière de communication et de transparence pour la Fed, qui jusqu'en 1994 ne communiquait pas les décisions prises pendant les réunions de son Comité de politique monétaire (FOMC).

Il fallait alors scruter l'évolution du marché du prêt interbancaire au jour le jour, sur lequel la Fed intervient quotidiennement, pour se faire une idée de ce qu'elle avait décidé.

Depuis lors, le FOMC dévoile ses décisions dans un communiqué publié à la fin de ses réunions et dont chaque mot est pesé et analysé par les experts.

La Fed indique que "le lancement de points de presse réguliers a pour but d'améliorer encore la clarté et le caractère opportun de [sa] communication".

Le FOMC tient une réunion ordinaire toutes les six semaines environ, soit huit fois par an.

Lors de la réunion du Comité en décembre, plusieurs de ses membres avaient insisté sur les "défis de communication" qui se posent à la Réserve fédérale pour qu'elle fasse comprendre le plus précisément possible ses intentions.

Discret par nature, M. Bernanke semblait plutôt réticent à l'exercice des conférences de presse.

Il avait participé début février à Washington à une rencontre avec la presse - où les questions étaient filtrées par un modérateur - qui avait des airs de galop d'essai.

M. Bernanke avait alors indiqué que son institution n'avait pas encore pris la décision "difficile" de communiquer plus souvent, à l'image de ce que fait la Banque centrale européenne (BCE) ou la Banque du Japon, dont les présidents respectifs, Jean-Claude Trichet et Masaaki Shirakawa, donnent régulièrement des conférence de presse.

"Nous ne voulons pas créer de façon inopportune des incertitudes ou de la volatilité sur les marchés financiers en disant des choses qui pourraient être mal interprétées", avait-il même affirmé.

A la tête de la Fed depuis 2006, M. Bernanke, a profondément bouleversé les habitudes à la banque centrale, en refusant le "culte" dont faisait l'objet son prédécesseurs Alan Greenspan, et en amenant la Fed à communiquer énormément sur son action.

Là où M. Greenspan s'était fait une spécialité des petites phrases sibyllines, M. Bernanke, ancien professeur d'économie, s'efforce d'expliquer le plus simplement possible son action.

L'annonce de points de presse réguliers du président de la Fed a lieu alors que la banque centrale américaine va bientôt devoir préciser la façon dont elle compte piloter "la sortie de crise", c'est-à-dire les moyens qu'elle compte utiliser pour reprendre sans heurts les centaines de milliards de dollars qu'elle a injectés dans l'économie américaine pour lui permettre de passer la crise.