Deux engins explosifs ont été déclenchés simultanément au passage de deux bus transportant des officiers de marine dans la capitale économique pakistanaise. Il s'agit du premier attentat perpétré contre des militaires à Karachi depuis 2004.
AFP - Quatre officiers de marine ont été tués et 57 personnes, dont 50 marins, blessés mardi dans un double attentat à Karachi, capitale économique du Pakistan, selon la marine nationale, soulignant l'instabilité de cet allié stratégique des Etats-Unis.
Par ailleurs, la veille au soir, dans la province reculée et violente du Baloutchistan (sud-ouest), 13 personnes ont péri dans l'attaque d'un bus de passagers par des hommes armés, ont indiqué mardi les autorités locales.
Les attentats n'ont pas été renvendiqués
A Karachi, deux bombes commandées à distance ont explosé à des heures de grande affluence au passage des deux bus transportant des officiers de marine dans deux quartiers de la capitale économique pakistanaise, où transite notamment le ravitaillement des troupes de l'Otan en Afghanistan.
Elles ont tué quatre officiers de marine et blessé 57 personnes dont 50 marins, a précisé à l'AFP le porte-parole de la marine nationale, le commandant Salman Ali. Un responsable provincial, Sharfuddin Memon, a précisé à l'AFP que la première bombe avait été placée sur une moto garée dans le quartier cossu de Defence, et la seconde cachée dans une poubelle du quartier pauvre de Baldia.
"La plupart des victimes se trouvaient à bord des bus, mais quelques passants ont également été blessés", a précisé M. Memon.
L'attaque n'était pas revendiqué dans l'immédiat, mais les attentats visant les forces de sécurité sont généralement attribués aux talibans, qui dénoncent l'alliance d'Islamabad avec les Etats-Unis dans une région où Washington combat également les rebelles islamistes avec l'Otan dans l'Afghanistan voisin.
Des civils attaqués dans le Baloutchistan
Mais si ces attaques sont quasi-quotidiennes dans le nord-ouest, bastion des talibans, elles ont jusqu'ici été rares à Karachi, une ville en revanche largement meurtrie par les crimes politico-mafieux.
Celles de mardi matin interviennent au lendemain de la publication par la site internet Wikileaks de documents indiquant que des enquêteurs américains qui ont interrogé des prisonniers à Guantanamo considéraient les services de renseignement pakistanais comme une organisation terroriste.
Le Pakistan a soutenu la création des talibans qui ont pris le pouvoir en Afghanistan en 1996. Mais Islamabad s'est allié aux Etats-Unis lors de l'invasion de l'Afghanistan consécutive aux attentats du 11 septembre 2001 et rejette depuis toute accusation de double jeu.
Les révélations de Wikileaks pourraient attiser les tensions déjà vives entre Washington et Islamabad, en raison notamment de la très impopulaire campagne de tirs de drones américains sur les zones tribales pakistanaises du nord-ouest, bastions des talibans et de leurs alliés d'Al Qaïda.
L'attaque de lundi soir dans le Baloutchistan a elle eu lieu dans la ville de Sibbi, à 180 km au sud-est de Quetta, capitale de cette province frontalière de l'Iran et de l'Afghanistan. Des femmes et des enfants figurent parmi les victimes, selon les responsables locaux.
Le Baloutchistan, comme l'ensemble du Pakistan, est régulièrement secoué par des attentats perpétrés par les talibans, mais cette région stratégique et riches en ressources naturelles (gaz notamment) est aussi le théâtre de violences meurtrières entre forces de sécurité et rébellion séparatiste.