La journée de lundi aura été marquée par une offensive des forces de sécurité syriennes, notamment à Deraa (sud) et Douma, près de Damas. Des militants annoncent une vingtaine de morts alors que le régime a fermé un poste-frontière avec la Jordanie.
La répression menée par le régime syrien se durcit un peu plus. Lundi, des chars et des soldats armés jusqu’aux dents ont pénétré pour la première fois dans Deraa, berceau de la contestation situé dans le Sud du pays, selon des témoins sur place. Un changement de tactique de la part du régime semblant indiquer que Bachar al-Assad joue son va-tout, explique Jean-Bernard Cadier, spécialiste de politique internationale de France 24 : "Il ne peut plus reculer désormais."
Au moins 25 martyrs sont tombés, tués par les tirs et le pilonnage à l'artillerie lourde contre les habitations et les quartiers. D'autres corps gisent toujours dans les rues.
Abdallah Abazid, militant sur place
Contacté par France 24, un habitant de la ville a retracé les événements de la matinée. "Juste après la prière, nous avons entendu des coups de feu. Nous avons essayé de savoir d’où les tirs venaient. Là, nous avons vu au moins huit chars de militaires qui prenaient la route de la vieille ville. Ils nous ont demandé d’arrêter toute forme de contestation. Il n’y a personne pour nous aider et ils nous tirent dessus !"
Paniquée face à ce déploiement militaire soudain, la population a multiplié les appels au secours avec les moyens du bord. "Les habitants utilisent les haut-parleurs des mosquées pour demander de l’aide. L’électricité a été coupée, le réseau téléphonique aussi", raconte Isabelle Dellerba, correspondante de France 24 à Beyrouth. "Les ambulances ont beaucoup de mal à atteindre les victimes. Les blessés sont étendus par terre dans les rues, il y a des morts aussi".
Deraa, cible de choix du régime de Damas
Des scènes de guerre sont relatées par de nombreux habitants, sur place. "Des hommes des forces gouvernementales sont embusqués dans des bâtiments publics et tirent sur les habitations", raconte l’un d’eux à l’agence Reuters. "Ils tirent dans toutes les directions et avancent derrière les blindés, qui les protègent", relate un autre. Un témoin contacté par l’AFP fait déjà état de cinq morts.
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Pour Isabelle Dellerba, la confrontation actuelle entre le régime et les manifestants devrait aller crescendo. "Bachar al-Assad a pu décider de franchir un nouveau cap en lançant des opérations coups de poing contre les foyers les plus importants de contestation", indique-t-elle.
Et pas seulement à Deraa. Un militant des droits de l’homme syrien, contacté par l’AFP, a fait état de tirs nourris à Douma, située en banlieue de Damas. "Lundi, les forces de sécurité syriennes et des partisans armés du président Bachar al-Assad ont pris d'assaut la ville de Douma. Ils tirent sur des civils et arrêtent des habitants."
Signe de cette escalade sécuritaire du régime de Damas, le gouvernement de Bachar al-Assad a ordonné la fermeture de la frontière commune avec la Jordanie.
Pour rappel, ces affrontements sanglants sont légion depuis trois jours. La répression a fait au moins 120 morts entre vendredi et samedi, selon une liste nominative compilée par le Comité des martyrs de la révolution du 15-Mars.
Dimanche, à Jableh, près de Lattaquié, treize personnes ont également été tuées et plusieurs autres blessées par les forces de l'ordre, a appris l’AFP auprès d'un militant des droits de l'homme. Ce qui porte à 366 le nombre de victimes depuis la mi-mars.