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Les combats se poursuivent à Misrata, les drones américains entrent en action

Alors que le régime libyen a accepté de se retirer de Misrata, les combats se poursuivaient dimanche matin dans la ville assiégée. Pour la première fois depuis le début du conflit, un drone américain a frappé le sol libyen samedi après-midi.

AFP - Les combats se poursuivaient tôt dimanche matin à Misrata, alors que le régime libyen a affirmé que ses forces armées ont suspendu leurs opérations contre les rebelles dans la ville assiégée.

Dans la nuit de samedi à dimanche, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a indiqué que les forces armées du régime "ne se sont pas retirées de Misrata", mais qu'elles "ont uniquement suspendu leurs opérations" contre les rebelles pour permettre à des tribus de trouver une solution pacifique. Selon M. Kaïm, "les tribus sont déterminées à résoudre le problème dans un délai de 48 heures".

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Les combats se poursuivent à Misrata, les drones américains entrent en action

Vendredi soir, le régime libyen avait annoncé un retrait des forces gouvernementales de Misrata, précisant confier aux tribus loyales à Mouammar Kadhafi la mission de mettre fin au conflit par la négociation ou par la force dans la ville rebelle.

Cependant, vers 01H00 dimanche (samedi 23H00 GMT) les roquettes Grad explosaient en rafales sur la ville et des rafales d'armes automatiques se faisaient entendre, quasi sans interruption.

Misrata, théâtre depuis plusieurs semaines d'une guérilla urbaine meurtrière entre rébellion et forces loyalistes, a connu samedi son pire bilan depuis le début des combats, avec au moins 28 morts et une centaine de blessés répertoriés, selon le docteur Khalid Abou Falra, contre 11 morts en moyenne par jour habituellement.

Un journaliste français, dont l'identité n'a pas été communiquée, a été grièvement blessé samedi soir, mais était tiré d'affaire après avoir été opéré, selon des sources médicales.

Pour la première fois depuis le début du conflit, un drone américain a frappé

En réponse aux appels à une intensification des opérations aériennes de l'Otan, le Pentagone a annoncé qu'un Predator, un avion armé guidé à partir du sol, avait mené ses premières frappes en début d'après-midi.

L'Otan a précisé que ce drone avait détruit un "lance-roquettes multiple" (orgue de Staline) près de Misrata.

Le président Barack Obama avait autorisé jeudi le recours à ces drones, même si l'armée américaine entend toujours rester en retrait des actions militaires contre les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi.

Les insurgés de Misrata ont annoncé avoir réussi à faire reculer les forces du colonel Kadhafi. Une importante portion de la rue de Tripoli, où se situe le front depuis des semaines, était sous contrôle rebelle samedi soir.

Ils ont en outre réussi à prendre l'immeuble Tameen dominant la ville, d'où des snipers loyalistes sévissaient depuis plusieurs jours, selon des combattants et un journaliste de l'AFP.

Frappes à Tripoli

Plusieurs explosions ont été entendues samedi soir à Tripoli, la capitale libyenne, survolée fréquemment par des avions de chasse de l'Otan, selon des journalistes de l'AFP.

Trois fortes détonations ont secoué la capitale vers 22H40 heure locale (20H40 GMT), dont une a fait trembler l'hôtel hébergeant les journalistes, pas loin du centre de la ville.

Deux explosions près du centre-ville avaient entendues en début de soirée, vers 19H45 locales (17H45 GMT), suivies d'autres plus lointaines, selon des journalistes de l'AFP qui n'étaient pas en mesure de déterminer dans l'immédiat les sites visés par les raids.

Selon un médecin revenant du front, le docteur Hakim Zaggut, "les hommes de Kadhafi reculent", "la révolte essaie de les encercler dans l'ancien hôpital public, c'est le dernier endroit qu'ils tiennent à peu près". Mais "c'est loin d'être terminé. Nous espérons vaincre, mais ce n'est pas fait", a-t-il dit.

Des rebelles ont confirmé l'arrivée côté loyaliste de combattants tribaux en civil. "Il y a maintenant des combattants tribaux, venant du sud de la Libye", a indiqué Omar Rajab, un combattant rebelle de 29 ans.

Cette démarche semble destinée à compliquer la tâche de l'Otan en impliquant des "civils". Mais une grande partie des habitants concernés combat déjà à Misrata, sous la bannière de "l'armée populaire" composée de milices de "volontaires", selon des sources.

La communauté internationale a tiré la sonnette d'alarme concernant la situation humanitaire dans la ville. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a souligné que les conditions de survie des habitants se dégradaient, l'accès aux soins et à l'eau devenaient problématiques.

"Nous manquons de tout, équipement, personnel et médicaments. On opère à la chaîne dans tous nos blocs", a déclaré à l'AFP le Dr Falra, alors que les ambulances se succédaient toutes les 5 ou 10 minutes. "On n'y arrivera pas, à ce rythme. On perd des gens qu'en temps normal on arrive à soigner", a confié le chirurgien Mahmoud Mohammed, épuisé.

Un navire affrété par l'OIM est arrivé samedi à Misrata avec 160 tonnes d'aide humanitaire et devait repartir pour Benghazi en évacuant un millier de réfugiés étrangers, notamment Nigériens.

Samedi soir, l'Otan a mené de nouveaux raids sur Tripoli. Plusieurs explosions ont été entendues dans la capitale, survolée fréquemment par des avions de chasse de l'Otan, selon des journalistes de l'AFP qui n'étaient pas en mesure de déterminer les cibles visées.

Trois fortes détonations ont secoué la capitale, dont une a fait trembler l'hôtel hébergeant les journalistes, pas loin du centre de la ville.

Des tirs intenses de DCA et d'armes automatiques ont retenti dans plusieurs quartiers de la capitale, tandis que des avions continuaient à survoler la ville.

L'agence de presse officielle libyenne Jana a indiqué que "l'agresseur colonialiste croisé" (l'Otan) avait mené samedi des raids sur des "sites militaires et civils" à Tripoli, Syrte, Al-Khoms, Al-Assa et Gharyen, faisant un "certain nombre de victimes".

Des raids avaient déjà visé Tripoli la veille, ainsi que la région de Zenten, au sud-ouest de la capitale, où les accrochages se multiplient avec les rebelles qui tiennent plusieurs localités de cette région montagneuse, a rapporté Jana.

Ces deux dernières semaines, 15.000 Libyens ont fui vers la Tunisie dans cette zone, et le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés redoute un exode "plus important".