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Nouveaux combats à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge

Des soldats thaïlandais et cambodgiens se sont de nouveau affrontés ce samedi le long d'une zone frontalière que se disputent les deux pays. En deux jours, les combats auraient coûté la vie à une dizaine de personnes des deux nationalités.

AFP - Soldats cambodgiens et thaïlandais se sont à nouveau affrontés à l'arme lourde samedi à la frontière disputée entre les deux pays, portant le bilan de deux jours de combats à dix morts.

Les affrontements avaient éclaté vendredi, tuant trois soldats dans chaque camp et mettant un terme à plus de deux mois de cessez-le-feu.

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À LA FRONTIÈRE ENTRE LE CAMBODGE ET LA THAÏLANDE
Nouveaux combats à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge

Ils ont repris samedi au petit matin autour d'un groupe de temples disputés, comme la veille.

Les deux voisins se sont affrontés plusieurs fois ces dernières années dans la jungle près d'anciens temples situés sur une frontière qui n'a jamais été totalement démarquée, notamment en raison des mines laissées par des décennies de guerre civile au Cambodge.

Samedi, un soldat thaïlandais a été tué et trois cambodgiens, selon des sources militaires des deux côtés.

Le bilan de deux jours d'affrontement a ainsi égalé celui des quatre jours de combats en février, mais les dix victimes de février incluaient également des civils.

Plusieurs milliers de villageois ont d'autre part été évacués des deux côtés.

"La plupart des habitants de mon village ont fui leur maison parce que des obus thaïlandais sont tombés pas très loin", a déclaré samedi à l'AFP Has Pov, paysan de 29 ans.

Le jeune homme a trouvé refuge dans une pagode avec sa femme et ses deux enfants, dans la ville cambodgienne de Samrong, à environ 40 km des combats.

"J'ai vraiment peur des bombardements", a-t-il ajouté.

Le ministère cambodgien de la Défense a dénoncé une invasion de son territoire par "des troupes au sol et diverses sortes d'artillerie" et averti que des civils étaient en danger.

Il a également accusée la Thaïlande d'utiliser "des armes lourdes contenant des gaz toxiques", ce qui n'a pas pu être vérifié de façon indépendante et qui a été nié par Bangkok.

La Thaïlande a récemment reconnu avoir utilisé en février des armes controversées, les "munitions classiques améliorées à double effet", assurant malgré les accusations d'ONG qu'il ne s'agissait pas d'armes à sous-munition.

Comme d'habitude, les deux capitales se sont mutuellement rejeté la responsabilité d'avoir ouvert le feu.

"Tout à coup, ils ont tiré sur nous", a assuré à l'AFP le ministre thaïlandais de la Défense, le général Prawit Wongsuwon.

"Cela pourrait signifier qu'ils veulent internationaliser la situation pour pousser un troisième pays (à intervenir). Nous ne voulons pas nous battre mais nous devons riposter quand ils nous tirent dessus", a-t-il ajouté, appelant à la reprise de discussions bilatérales.

Phnom Penh réclame depuis février une médiation pour régler ces différends frontaliers, mais Bangkok insiste pour des discussions bilatérales.

Les deux voisins avaient donné leur accord pour l'envoi d'observateurs à la frontière, au terme d'une médiation organisée par l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean) en février.

Mais depuis, l'armée thaïlandaise a indiqué que ces observateurs n'étaient pas les bienvenus et ils n'ont jamais été déployés.

Les combats du 4 au 7 février avaient eu lieu à plus de 100 km plus à l'est, près du temple khmer de Preah Vihear.

Ces ruines du XIe siècle, dont le classement par l'Unesco en 2008 avait ravivé les tensions, relèvent de la souveraineté du Cambodge selon une décision de la Cour internationale de justice de 1962.

Mais les Thaïlandais contrôlent ses principaux accès et les deux pays revendiquent une zone de 4,6 km2 en contrebas de l'édifice qui n'a pas été délimitée.