
Alors que des dizaines de milliers de pro-Saleh étaient dans les rues de Sanaa pour "le vendredi de la réconciliation", une foule d'opposants, d'ampleur semblable, réclamait son départ - malgré un plan de transfert du pouvoir accepté.
AFP - La capitale Sanaa a connu vendredi le plus important rassemblement depuis le début il y a trois mois de la contestation du président du Yémen Ali Abdallah Saleh qui a réaffirmé son attachement à sa "légitimité constitutionnelle".
La foule s'étendait sur environ quatre kilomètres dans le centre de la capitale en ce "vendredi de la dernière chance", selon un correspondant de l'AFP sur place. Mais des responsables du mouvement de contestation lancé en janvier ont d'ores et déjà appelé à une grève générale samedi.
A quelques kilomètres de là, les partisans de M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, ont organisé une marche pour un "vendredi de la réconciliation".
Des forces de l'armée et de la police ont été déployées en nombre pour empêcher des heurts entre camps rivaux.
M. Saleh s'est adressé à ses partisans répétant qu'il ne lâcherait pas le pouvoir avant l'expiration de son mandat en 2013, en réponse à une proposition de sortie de crise du Conseil de coopération du Golfe (CCG) prévoyant sa démission.
"Nous insistons sur notre attachement à la légitimité constitutionnelle, par loyauté envers notre peuple, car nous refusons catégoriquement les tentatives de coups d'Etat contre la liberté, la démocratie et le pluralisme politique", a-t-il dit.
"Nous accueillons favorablement l'initiative des ministres du CCG avec laquelle nous allons coopérer de manière positive, dans le cadre de la Constitution", a-t-il insisté, ajoutant: "Que ceux qui veulent parvenir au pouvoir s'en remettent au verdict des urnes".
Chacun campant sur ses positions, les manifestants ont 0 nouveau réclamé le départ immédiat du président. "Aux pays voisins: pas de négociations, pas de dialogue", pouvait-on lire sur des affiches en référence à l'initiative du CCG. "Pas d'initiative, tu dois seulement partir", ont-ils crié.
Selon une source gouvernementale, le CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar) a proposé "la formation d'un gouvernement d'union. Le président présenterait ensuite sa démission au Parlement dans 30 jours", puis un président intérimaire et le cabinet organiseraient une élection présidentielle dans les 60 jours.
Selon un haut responsable de l'opposition, Hassan Zayd, la proposition prévoit "la démission de M. Saleh et la promulgation d'une loi d'amnistie" lui offrant des garanties qu'il ne sera pas inquiété après son départ du pouvoir.
Mais les contestataires réclament son jugement: "L'assaillant doit être présenté à la justice", proclamaient des banderoles.
L'opposition parlementaire a répété que la formation d'un gouvernement d'union alors que M. Saleh reste au pouvoir était "inacceptable". "Le départ du président est essentiel à toute solution", a dit son porte-parole.
La répression de la contestation a fait plus de 130 morts, selon un bilan établi à partir de sources médicales et des témoins.
"Les jeunes de la révolte pacifique", un des groupes à l'origine de la contestation, a rejeté la proposition du CCG, car "elle n'inclut pas un départ immédiat de Saleh" et "lui offre une protection ainsi qu'à sa famille et ses proches qui sont des meurtriers". Ils ont appelé à une grève générale samedi.
Des manifestations anti-Saleh ont également eu lieu à Taëz, au sud de Sanaa. Des milliers de manifestants ont également défilé à Aden, la capitale du Sud, en appelant au départ du président, ainsi que dans d'autres villes de la région. "Nous refusons toutes les initiatives", proclamait une banderole.
Dans ce contexte de crise, 20 soldats ont été tués ces dernières 24 heures dans des attaques dans l'Est par Al-Qaïda et des membres armés d'une tribu, selon des responsables de la sécurité.