Alain Juppé est arrivé mercredi en Tunisie avec en poche une aide de 350 millions d'euros. Objectif : raccommoder une relation bilatérale mise à mal par plusieurs maladresses françaises depuis la chute du régime Ben Ali.
AFP - Le ministre français des affaires étrangères Alain Juppé a annoncé mercredi à Tunis une aide de 350 millions d'euros pour 2011-2012 à la Tunisie, qui a également été invitée au sommet du G8 le mois prochain en France.
"Le voyage que je fais aujourd'hui à Tunis est très important pour moi. Je sais très bien qu'il y a pu avoir quelques retards ou quelques incompréhensions enre la France et la Tunisie. Je crois que tout cela est derrière nous", a déclaré M. Juppé, qui a rencontré le premier ministre par intérim Béji Caïd Essebsi peu après son arrivée.
350 millions d'euros pour la formation, le chômage et la gouvernance
"Le plus important et essentiel, c'est cette relation entre nos deux pays qui est ancienne et profonde sur tous les plans", a-t-il ajouté. "Le grand mouvement qui a été déclenché à partir de Tunis et qui touche le monde arabe suscite chez nous beaucoup d'admiration et de respect parce qu'il faut du courage pour secouer un régime autoritaire et policier. La France souhaite profondément le succès de ce mouvement", a-t-il commenté.
"Nous allons essayer de faire un effort important pour aider la Tunisie, notamment par le biais de l'AFD", l'Agence française de développement, a poursuivi Alain Juppé en annonçant une aide sur 2011-2012 de 350 millions d'euros. "Il y a beaucoup de difficultés à surmonter (pour la Tunisie). Nous sommes aux côtés de la Tunisie sur tous les plans, politique et économique", a poursuivi le chef de la diplomatie française en précisant que ces montants seront versés rapidement et destinés à des "projets correspondant aux priorités du gouvernement tunisien, notamment dans les domaines de la formation, du chômage, et tout ce qui concerne la gouvernance".
La question épineuse de l'immigration
M. Juppé a également transmis au Premier ministre tunisien une invitation du président français Nicolas Sarkozy pour assister au sommet du G8 les 26 et 27 mai à Deauville (ouest de la France).
Concernant le thème de l'immigration qui a provoqué de vives tensions entre partenaires européens ces dernières semaines, notamment Paris et Rome, Alain Juppé a affirmé que la France "n'est pas un pays fermé". "Nous accueillons chaque année 200.000 étrangers. La communauté tunisienne compte 500.000 personnes, dont 13.000 étudiants. Le taux de refus de visas est de 10%. Ces rappels pour dire que la France n'est pas une citadelle ou une forteresse. En revanche nous ne pouvons pas accepter l'immigration illégale. C'est un fléau", a encore déclaré M. Juppé en rappelant que la France a également des problèmes, notamment en matière de chômage.
Au cours de ce déplacement, Alain Juppé doit s'entretenir également avec le président Foued Mebazaa, son homologue Mouldi Kéfi, des bloggeurs, et les présidents des trois commissions en charge de la transition démocratique jusqu'aux élections du 24 juillet pour former une assemblée constituante.