Nicolas Sarkozy a promis au Conseil national de transition libyen (CNT), reçu mercredi à l’Élysée, une intensification des frappes aériennes. Sur le terrain, deux photographes ont trouvé la mort dans des bombardements à Misrata.
"Nous allons vous aider", a affirmé M. Sarkozy aux représentants du CNT reçus mercredi à l’Élysée." Bien que le chef de l’État français ait reçu pour la toute première fois le président du CNT, l’ancien ministre de la Justice de Mouammar Kadhafi, Moustapha Abdeljalil, il s’agissait néanmoins de la troisième entrevue avec le CNT. Deux autres membres du conseil, l'un représentant de Benghazi et l'autre de Tobrouk, étaient également présents, ainsi qu'Ali Essaoui, chargé des Relations internationales au sein du Conseil.
Cyril Vanier, notre correspondant à l’Élysée rapporte que les insurgés sont très clairs sur la demande d’intervention militaire terrestre des Occidentaux. "Certains insurgés commencent maintenant à demander l’aide de soldats étrangers sur le terrain, particulièrement à Misrata”, ville assiégée par Mouammar Kadhafi depuis sept semaines et qui a subi de lourdes pertes humaines.
Le porte-parole du gouvernement français François Baroin a annoncé l’envoi de “moins d’une dizaine” d’officiers de liaison à Benghazi. Cependant, il a réaffirmé mercredi que "la position de la France est très simple: nous n'envisageons pas des troupes de combat au sol, en aucune façon et sous aucune forme que ce soit".
À la sortie de son entretien à l'Élysée, le président du CNT s'est dit satisfait des propositions de la France. "Nous saluons toute solution qui mènerait au départ de Kadhafi, qu’elle soit politique ou militaire", a-t-il déclaré dans une interview accordée à FRANCE 24.
itParis, Londres et Rome annoncent l’envoi d’officiers
Cette initiative française est similaire à l’action d’autres pays voisins en Europe. Londres a également annoncé mardi l'envoi de conseillers militaires auprès de la résistance libyenne. "Au total, il y aura moins de 20 militaires" britanniques, avait indiqué le ministère britannique des Affaires étrangères, sans spécifier "pour des raisons de sécurité" la date précise à laquelle l'équipe sera envoyée à Benghazi, fief des rebelles. Rome mettra également dix instructeurs militaires à disposition du Conseil national de transition (CNT).
"L'Italie et l'Angleterre s'accordent sur le fait qu'il faut entraîner les rebelles : ce sont des jeunes désireux de se battre pour leur cause, mais ils n'ont pas les capacités nécessaires et nous irons donc là où il y a les conditions de sécurité nécessaires pour fournir notre savoir-faire, et leur permettre d'affronter une armée qui est, elle, professionnelle", a précisé Ignazio La Russa, ministre italien de la Défense.
L’objectif des instructeurs français "est de prodiguer au CNT des conseils d'ordre essentiellement techniques, logistiques et organisationnels pour aider à renforcer la protection des populations civiles et améliorer la distribution de l'aide humanitaire et médicale", a précisé la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christine Fages.
Mardi, l'écrivain français Bernard-Henri Lévy, défenseur de la rébellion libyenne, de retour de Benghazi, avait déclaré à l'AFP que deux officiers de liaison, un Français et un Britannique, étaient déjà présents au QG opérationnel des insurgés à Benghazi (à l’est).
Les représentants du CNT souhaitent également une aide humanitaire supplémentaire. À l’issue de la rencontre, la délégation d’insurgés libyens a invité le président Nicolas Sarkozy à se rendre à Benghazi alors que l’Élysée a fait savoir que des projets humanitaires pour Misrata pourraient “se faire dans la semaine”.