Les forces du président Saleh ont ouvert le feu sur des manifestants, dimanche à Sanaa, blessant au moins 22 personnes. Samedi, les chefs religieux et tribaux yéménites ont appelé au départ du président yéménite, au pouvoir depuis 32 ans.
REUTERS - Les forces yéménites fidèles au président Ali Abdallah Saleh ont ouvert le feu dimanche à Sanaa sur des manifestants, blessant au moins 22 personnes, ont rapporté des médecins, tandis qu'à Ryad, des dirigeants de l'opposition rencontraient des médiateurs du Golfe.
Les médecins ont précisé que 200 manifestants environ avaient fait des malaises à la suite de l'inhalation de gaz lacrymogènes alors qu'ils défilaient en dehors de la zone où ils
manifestent habituellement, dans des rues proches de l'université de Sanaa, point de ralliement des manifestations pour la démocratie qui durent depuis trois mois.
"Nous nous approchions du centre commercial de Sanaa lorsque la police nous a affrontés avec des gaz lacrymogènes, et a soudain ouvert un tir nourri sur nous, venant de toutes parts", a déclaré Sabry Mohammed, un manifestant.
Des centaines de membres des forces de sécurité se sont déployés dans le quartier où s'étaient déroulés les affrontements, rue d'Algérie à Sanaa, à 2 km environ de la zone où se tiennent habituellement les manifestations.
Les blessés ont été transporté à l'hôpital en ambulance ou dans des voitures privées. Un organisateur de la manifestation a déclaré par haut-parleur aux manifestants que des dizaines de protestataires avaient été arrêtés près d'une mosquée voisine.
Une source militaire a néanmoins démenti que la garde répblicaine ou les forces de sécurité aient tiré sur des manifestants, que ce soit avec des balles ou des gaz lacrymogènes.
Des affrontements ont aussi été signalés à Dhamar, au sud de la capitale.
Des représentants de l'opposition yéménite ont rencontré dimanche à Ryad, la capitale saoudienne, plusieurs ministres du Golfe afin de leur exposer leurs conditions à une reprise du dialogue avec le président Ali Abdallah Saleh, dont ils exigent le départ.
Réunion à Ryad
La délégation de l'opposition, emmenée par l'ancien ministre des Affaires étrangères Mohammed Basindwa, a rejeté la semaine dernière un cadre de discussions proposé par les médiateurs. Elle a déclaré qu'elle voulait le départ de Saleh dans un délai
de deux semaines et que le plan du Golfe ne comportait aucun échéancier rapide ou clair de transition.
La réunion de Ryad ne semble avoir débouché sur aucune percée importante, mais l'opposition yéménite a accepté de poursuivre les discussions avec les Etats du Golfe, annonce un communiqué du Conseil de coopération du Golfe (CCG) - Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar.
Basindwa a indiqué que l'opposition avait accepté la réunion de Ryad à l'invitation du prince Saoud al Faycal, ministre saoudien des Affaires étrangères, à condition qu'aucun représentant de Saleh n'y participe.
L'opposition a déclaré que la démission de Saleh n'était pas négociable, mais que d'autres sujets sensibles, tels que lui accorder l'immunité, ne seraient pas des obstacles à un accord.
Après trois mois de manifestations réclamant la fin du règne sans partage du président Saleh, qui s'exerce depuis 32 ans sur le Yémen, la situation demeure toujours bloquée dans cet Etat déjà en proie à de fortes tensions avant ce que certains ont appelé "le printemps arabe".
La semaine dernière, les médiateurs du Golfe ont tenté de trouver une issue à ce conflit en présentant un plan de sortie de crise que Saleh a accepté
Après avoir dans un premier temps proposé de partir à l'issue de son mandat en cours, en 2013, Saleh a dit qu'il quitterait le pouvoir après la tenue d'élection qui pourraient être organisées cette année.
Au moins 116 personnes ont été tuées depuis le début de la vague de contestation lors d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre.