Vittorio Arrigoni, un militant pacifiste pro-palestinien, a été retrouvé mort vendredi à Gaza. Il avait été enlevé 48 heures plus tôt par un groupuscule salafiste qui exigeait du Hamas la libération de son chef, détenu depuis un mois.
Le corps de Vittorio Arrigoni, militant pacifiste pro-palestinien œuvrant pour l’International solidarity movement (ISM), a été retrouvé ce vendredi dans une maison abandonnée de la bande de Gaza. Il avait été enlevé deux jours plus tôt par un groupe djihadiste salafiste qui réclamait la libération de plusieurs de ses membres dont l’un de ses dirigeants, détenu par le Hamas.
Vittorio Arrigoni travaillait avec l’ISM depuis dix ans. Ces dernières années, il participait activement à des opérations qui contournaient le blocus israélien, notamment en "accompagnant des pêcheurs palestiniens" dans des zones où l’accès avait été restreint par Israël en dépit des conventions internationales, explique Nathan Stockey, le porte-parole de l’ISM, à l’antenne de FRANCE 24.
Premier rapt d’étranger depuis 2007 dans la bande de Gaza
Depuis la capture du journaliste de la BBC Alan Johnston, détenu 114 jours en 2007 par un groupe se réclamant d’Al-Qaïda, Vittorio Arrigoni est le premier étranger enlevé dans la bande de Gaza. Le militant pacifiste italien s’y était installé en août 2008 dans le cadre de sa mission humanitaire.
Un responsable du Hamas, interrogé par l’agence Reuters, a expliqué que le corps avait été retrouvé à la suite d’un assaut mené par des agents de sécurité contre une maison du quartier de Cheikh Radouane. Au cours de l’opération, deux suspects ont été arrêtés.
Les services de sécurité du Hamas étaient parvenus à déterminer le lieu de captivité d’Arrigoni grâce à l’interrogatoire d’un des membres du groupe, a précisé en conférence de presse Ehab Al Ghsaïn, porte-parole du ministère de l’Intérieur de l’administration Hamas.
Il a expliqué que l’intention des ravisseurs était "d’assassiner leur victime […] depuis le tout début", une affirmation appuyée par le constat de l’unité d’intervention sur place. Elle a rapporté que "l’otage avait été tué depuis plusieurs heures".
Les groupuscules salafistes défient le Hamas
Jeudi, sur le site de partage de vidéos YouTube, le groupe salafiste avait diffusé une vidéo exigeant du Hamas qu’il libère plusieurs de ses membres, notamment leur chef Hesham al Saeedni, interpellé le mois dernier. Ils avaient menacé de tuer l’otage italien dès vendredi si leurs revendications n’étaient pas suivies d’effet.
Sur le document, Arrigoni apparaissait les yeux bandés, le front ensanglanté, aux côtés d’un membre du groupe.
Pour Gallagher Fenwick, le correspondant de FRANCE 24 à Jérusalem, la portée politique de cette opération menée par le groupe salafiste est indéniable. Depuis l’enlèvement d’Alan Johnston, "le Hamas a instauré une politique claire de ‘zéro tolérance’ concernant les kidnappings d’étrangers à Gaza".
Cet enlèvement constitue donc "un défi lancé au parti islamiste au pouvoir qui se targue souvent d’avoir une mainmise indiscutable et inébranlable sur l’enclave", développe-t-il.
Sur l’antenne de FRANCE 24, Ghazi Hamad, vice-ministre des Affaires étrangères du Hamas, a assuré que les autorités travaillaient activement à retrouver les militants impliqués dans cet assassinat : "Nous avons toutes les informations nécessaires sur ces personnes. J’estime que nous allons appréhender les responsables d’ici très peu de temps et les traduire en justice."
Depuis son accession au pouvoir, en 2007, le Hamas a fait de la gestion des autres groupes armés une priorité. Cette lutte menée contre plusieurs groupuscules salafistes liés à Al-Qaïda dure toujours. Les salafistes reprochent notamment au Hamas de ne pas œuvrer suffisamment pour que la charia soit imposée et souhaitent que les chrétiens soient chassés des territoires palestiniens.