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Alain Juppé élève la voix contre l'Otan

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé estime que l’Otan ne joue pas "suffisamment" son rôle en Libye. Même son de cloche chez son homologue britannique, qui appelle l'Alliance à "intensifier" son action.

La France et la Grande-Bretagne ont critiqué, ce mardi, l’Otan qui a pris les commandes, le 31 mars, de l'intervention internationale lancée le 19 mars contre les forces gouvernementales loyales au colonel Mouammar Kadhafi. Les deux pays l’accusent de ne pas en faire “suffisamment”.

"Il faut (...) que l'Otan joue pleinement son rôle", a déclaré le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé, interrogé sur France Info. "L'Otan a voulu prendre la direction militaire des opérations, nous avons accepté. Elle doit jouer son rôle aujourd'hui c'est-à-dire éviter que Kadhafi n'utilise là encore des armes lourdes pour bombarder les populations", a-t-il fait valoir.

"Beaucoup de choses ont été faites en Libye mais clairement, il faut en faire davantage", a déclaré en écho son homologue britannique, William Hague. En marge d'une réunion avec ses homologues de l'Union européenne à Luxembourg, ce dernier a appelé l’Otan à "maintenir et intensifier" ses efforts militaires en Libye pour protéger les populations civiles.

Impasse diplomatique

Ces critiques interviennent alors que la perspective d'une sortie de crise diplomatique s'éloigne et que les craintes d'enlisement grandissent. Les deux parties sont loin d'avoir trouvé un terrain d'entente. Lundi, les rebelles ont refusé la proposition de cessez-le-feu formulée par l'Union africaine que le colonel Kadhafi avait acceptée la veille. Les insurgés ont expliqué à la délégation africaine emmenée par le président sud-africain Jacob Zuma qu'ils refuseraient tout plan ne prévoyant pas un départ immédiat du colonel Kadhafi.

"Plusieurs centaines d’insurgés ont assisté à un meeting, lundi, à Benghazi. Ils rêvent d'aller à Tripoli pour renverser le pouvoir. Face à cette mobilisation, pas question pour les dirigeants rebelles de donner l'impression qu'ils négocient avec le pouvoir", ajoute Christopher Moore, envoyé spécial de FRANCE 24 dans la place forte de la rebellion.

Du côté du colonel, son fils Seif al-Islam a jugé lundi soir "vraiment ridicule" de "parler du départ" de son père.

Sur le terrain, les combats se poursuivent. Ce mardi, des sources rebelles et médicales ont fait état la veille de trois civils tués par des tirs des forces pro-Kadhafi près de la ville stratégique d'Ajdabiya (est), reprise par les rebelles au terme de violents combats.

Dans l'ouest du pays, la ville de Misrata, seul bastion des rebelles dans la région, reste assiégée par les forces loyales au colonel Kadhafi depuis un mois et demi.

Malgré les difficultés militaires et diplomatiques, le ministre français de la Défense Gérard Longuet s'est voulu rassurant face aux craintes d'enlisement. Au micro d'Europe 1, il a estimé que les choses pouvaient "aller vite maintenant" dans la résolution de la crise en Libye.