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L'ONU et la Licorne tentent de neutraliser la force de frappe du camp Gbagbo

Appuyée par la force française Licorne, l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) a mené, dans la nuit de dimanche à lundi, des frappes contre les armes lourdes utilisées par le camp du président ivoirien sortant.

L’offensive lancée dimanche par les "forces impartiales" des Nations unies et de la France (Onuci et Licorne) contre la résidence de Laurent Gbagbo s’est poursuivie dans la nuit de dimanche à lundi. Peu après minuit, des missiles ont été lancés dans le quartier de Cocody, à Abidjan, près de la résidence présidentielle où s'est retranché le chef de l'État ivoirien sortant en compagnie d’une poignée de fidèles.

Dimanche après-midi, quatre hélicoptères ont mené une première offensive suivie de nouveaux tirs de missiles dans la soirée, poussant le camp de Laurent Gbagbo à dénoncer une "tentative d'assassinat". Les forces loyales au président sortant ont répliqué par des tirs de mitrailleuses.

Interrogé par l’AFP, Hamadoun Touré, le porte-parole de l’Onuci, a fait savoir que l’objectif de ces frappes était de "neutraliser les armes lourdes" dans les environs du palais et de la résidence de Laurent Gbagbo ainsi que dans plusieurs camps militaires. Dimanche, le camp d’Alassane Ouattara avait officiellement demandé aux Nations unies de détruire ces armes lourdes "conformément à la résolution 1975" pour permettre aux forces loyales au président reconnu par la communauté internationale de parachever leur offensive contre Laurent Gbagbo.

La France participe à cette opération via sa force armée Licorne. Paris s’est engagé à la demande de l’ONU, a fait savoir l’Élysée dans un communiqué publié lundi. "Le secrétaire général des Nations Unies a demandé au président de la République [Nicolas Sarkozy] la poursuite de la participation des forces françaises aux opérations menées par l'Onuci pour neutraliser les armes lourdes utilisées contre la population civil. Le président de la République a donné son accord au secrétaire général. Il a encouragé l'ONU à tout mettre en œuvre pour permettre la restauration rapide de la sécurité de la population et des services de base dans l'agglomération d'Abidjan", indique le communiqué.

Les pro-Gbagbo résistent

"Au cours des trois, quatre derniers jours, on a constaté une utilisation de ces armes lourdes contre les populations civiles et les casques bleus, a également précisé le porte-parole de la force des Nations unies. Les tirs contre le siège de l’Onuci ont continué, d'où la nécessité de réagir pour protéger les populations civiles conformément à notre mandat."

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Ces derniers jours, les forces loyales à Laurent Gbagbo ont réussi à regagner du terrain à Abidjan face aux combattants d'Alassane Ouattara. Celles-ci ont repris le contrôle des quartiers du Plateau et de Cocody, où les combats contre les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI, pro-Ouattara), font rage. Samedi, l'hôtel du Golf, proche de Cocody, où Alassane Ouattara et son gouvernement sont reclus depuis le début de la crise post-électorale il y a plus de quatre mois, a été la cible de tirs, notamment de mortiers.

La résistance des pro-Gbagbo peut paraître surprenante étant donné le déséquilibre des forces en présence. Mais "les armes lourdes ne sont pas faciles à détruire, surtout qu’elle se trouve dans la zone boisée qui se situe autour de la résidence présidentielle", souligne, sur l’antenne de FRANCE 24, Pierre Conesa, spécialiste en géostratégie.

Selon lui, "cette opération est en quelque sorte une piqûre de rappel pour montrer à Laurent Gbagbo que l’Onuci et la Licorne ont les moyens de détruire les dernières armes du président sortant et de l’amener à négocier. Mais il semble que Gbagbo veuille chercher à passer pour un martyr de la communauté internationale."

"Beaucoup de cadavres dans les rues"

Hors du champ militaire, le baroud d’honneur du président sortant aggrave chaque jour un peu plus la crise humanitaire qui frappe les 4 millions d’habitants de la capitale économique.       

"C’est 'Peur sur la ville' à Abidjan, témoigne Karim Hakiki, envoyé spécial de FRANCE 24. Les habitants sortent très peu de chez eux par peur des combats et les ravitaillements en nourriture et en eau sont très difficiles. Les organisations internationales ont demandé la mise en place d'un corridor humanitaire car il y a certains quartiers, comme Abobo, où les ONG ne peuvent pas accéder", poursuit-il.

"Aucun quartier n'est vraiment sécurisé", rapporte de son côté le coordonnateur humanitaire entre les agences de l'ONU et des ONG, Ndolamb Ngokwey, contacté par l’AFP. Interrogé sur la présence de cadavres dans les rues de la capitale économique ivoirienne, ce responsable a répondu : "Beaucoup de personnes m'ont raconté qu'il y avait beaucoup de cadavres qui jonchaient les rues, et pas seulement dans le quartier des ambassades".