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Le Portugal doit officiellement demander, ce jeudi, une aide financière à l’Union européenne et au Fonds monétaire international (FMI). En contrepartie, Lisbonne devra adopter un nouveau plan d’austérité. Le quatrième en un peu plus d’un an.

Toute l’austérité du monde n’aura donc pas suffi au Portugal. Le Premier ministre lusitanien, le socialiste José Socrates, s’est résigné, mercredi soir, à demander l’aide financière de l’Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI).

Lisbonne attendra cependant la fin des tractations entre les socialistes et l’opposition de centre-droit avant de soumettre sa demande à une UE toujours plus exigeante. La ministre française de l’Économie, Christine Lagarde, a prévenu ce jeudi que le Portugal "devait faire des efforts". Traduction : le gouvernement de Socrates doit mettre sur pied un nouveau plan d’austérité.

Encore un ! Le pays n’a pourtant pas chômé pour réduire son déficit. Le Portugal a aligné trois plans d’austérité en moins d’un an. Le Parlement en a même rejeté un quatrième à la fin de mars, obligeant le gouvernement Socrates à la démission. Inventaire des potions amères que les Portugais ont d’ores et déjà dû avaler.

25 mars 2010. Le Parlement portugais adopte de justesse un plan d’austérité qui "n’a rien à voir avec celui de la Grèce", selon le gouvernement. Ces premières mesures ne prévoient en effet ni réductions des dépenses sociales, ni augmentations des impôts. L’État lance alors un projet de privatisation de 18 entreprises qui doit lui rapporter 6 milliards d’euros d’ici 2013. Au grand dam des syndicats qui s’inquiètent des conséquences sociales de telles dispositions.

Le plan prévoit également le gel des salaires dans la fonction publique et la réduction des dépenses militaires. L’objectif affiché est de ramener le déficit de 9,3 % en 2009 à 8,3 % en 2008.

13 mai 2010. Le gouvernement de José Socrates décide d’appliquer un train de mesures supplémentaires. Cette fois-ci, elles affectent directement le pouvoir d’achat. Lisbonne met en effet en place des "taxes de crises". Les entreprises les plus profitables (au-dessus de 2 millions d’euros de profits annuels) voient leurs impôts augmenter de 2,5 %, la TVA progresse de 1 % et l’impôt sur les revenus est rehaussé de 1,5 %. Résultat : à la fin de mai, plus de 300 000 personnes manifestent à Lisbonne contre l’austérité.

26 novembre 2010. Le chef du gouvernement reconnaît que son budget contient "des mesures très difficiles et exigeantes" pour les Portugais. Les traitements des fonctionnaires sont baissés de 5 %, les remboursements de santé sont réduits. Le gouvernement taille également dans les dépenses consacrées à l’éducation.

Le gouvernement décide également d’augmenter une série de taxes afin de récupérer près de 2 milliards d’euros en 2011. La mesure la plus emblématique est la nouvelle hausse de la TVA qui passe à 23 % alors qu’elle était à 20 % en début d’année.

23 mars 2011. Coup de tonnerre politique : José Socrates démissionne après le rejet par le Parlement d’un nouveau plan d’austérité. Cette fois-ci, l’opposition de centre-droit a refusé de cautionner ce quatrième plan en moins d’un an. Il prévoyait notamment une réduction de l’aide accordée aux chômeurs, une augmentation du coût des cotisations sociales pour bénéficier de l’assurance-maladie et une diminution des dépenses de santé.

On est bien loin du premier plan d’austérité qui promettait de ne jamais emprunter la voie grecque et d’éviter de frapper au portefeuille les Portugais les moins fortunés. "On peut comprendre la réaction de l’opposition, mais est-ce que le plan que le Portugal va devoir concocter sous la pression de l’UE et du FMI sera meilleur ?" doute Céline Antonin, économiste spécialisée dans les pays européens les plus fragiles interrogée par FRANCE 24.