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L'ONU demande la fin des hostilités à Misrata

Après l'Otan, c'est au tour des Nations unies de s'inquiéter de la situation à Misrata. L'ONU appelle à une trêve alors que les morts et les blessés se comptent par centaines dans cette ville en proie aux forces du colonel Kadhafi.

AFP - La communauté internationale se mobilisait jeudi pour aider les habitants de Misrata, ville libyenne assiégée par les forces du colonel Kadhafi que Washington a une nouvelle fois appelé à quitter le pouvoir.

Alors que la ligne de front entre rebelles et forces loyalistes s'est stabilisée depuis une semaine dans la région de Brega (est), la ville de Misrata, pilonnée sans relâche depuis un mois et demi par l'armée régulière, est désormais l'objet de toutes les attentions.

Emboîtant le pas à l'Otan, qui a fait de Misrata sa "priorité numéro un", l'Onu a appelé à une cessation des hostilités autour de la ville.

"La situation sur le terrain est critique pour un grand nombre de personnes qui ont un besoin immédiat de nourriture, d'eau potable et d'aide médicale d'urgence", a déclaré la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les affaires humanitaires, Valerie Amos. "La possibilité de quitter la ville est désormais une question de vie ou de mort".

Rebelles et humanitaires alertent depuis des semaines la communauté internationale sur le sort des quelque 300.000 habitants de cette ville, dont plusieurs centaines ont été tués ou blessés par les combats selon eux.

Le chef militaire des rebelles, le général Abdel Fattah Younés, avait accusé mardi en des termes très durs l'Alliance atlantique de "laisser mourir les habitants de Misrata". Plus généralement, il avait exprimé sa déception face à l'action de l'Otan, qui a pris les commandes des opérations militaires jeudi dernier.

Piquée au vif, l'Otan avait promis de "tout faire pour protéger les civils de Misrata", conformément au mandat de l'Onu, mais souligné que le régime de Kadhafi utilisait des boucliers humains, rendant les frappes aériennes délicates.

Pour soulager la population, Misrata va pouvoir être ravitaillée par la mer par les insurgés au départ de Benghazi, à 260 milles nautiques (480 km) plus à l'est, avait affirmé mercredi le ministre français de la Défense Gérard Longuet.

"Précédemment, la lecture de l'embargo était qu'aucun bateau ne pouvait alimenter aucune ville", selon lui.

Dans le port militaire de Benghazi deux bateaux de pêche et un remorqueur attendaient jeudi que la houle se calme pour repartir vers Misrata, malgré les tirs des forces de Tripoli, selon un journaliste de l'AFP sur place.

"Nous avons envoyé les premiers bateaux il y a un mois. Nous sommes en contact avec Misrata par téléphone satellite. Ils nous disent ce dont ils ont besoin, on le trouve si on peut et on organise des convois de navires", explique à l'AFP le capitaine Moustapha Omar.

"Les premiers voyages, nous n'avons pas eu de problèmes. Ensuite, nous avons plusieurs fois dû faire demi-tour, à cause des bateaux de guerre de Kadhafi. Mais la marine française a escorté, il y a deux semaines, l'un de nos bateaux", ajoute le capitaine Omar. "Ca, nous ne l'oublierons jamais".

Les Etats-Unis ont quant à eux sèchement rejeté les demandes du colonel Kadhafi, qui dans une longue lettre a appelé Washington à mettre fin aux frappes aériennes alliées selon les médias américains.

"Il n'y a aucun mystère quant à ce qui est attendu à présent de M. Kadhafi", a rétorqué la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton lors d'une conférence de presse: "plus tôt le bain de sang cessera, et mieux cela sera pour tout le monde".

Kadhafi doit opter pour un cessez-le-feu, le retrait de ses troupes, et "une décision doit être prise quant à son départ du pouvoir et (...) son départ de Libye", a-t-elle martelé.

L'armée américaine avait retiré lundi les avions de combat qu'elle avait engagés dans l'opération internationale en Libye. Elle ne devrait plus fournir désormais que des avions destinés à effectuer des ravitaillements en vol, ainsi que des missions de brouillage et de surveillance.

La prochaine réunion du Groupe de contact sur la Libye -créé pour assurer "le pilotage politique" de l'action militaire et civile internationale en Libye, avec l'Otan pour "bras armé"- se tiendra le 13 avril à Doha, a déclaré jeudi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé.

Le régime libyen, cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile, s'est dit prêt au dialogue à condition que la rébellion dépose les armes.

Mercredi, le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a accusé les forces britanniques de bombarder des installations pétrolières du champ d'Al-Sarir (sud-est). Ces frappes ont fait trois morts et des blessés, ainsi que des dégâts matériels sur le pipeline conduisant le pétrole au port de Tobrouk contrôlé par la rébellion, selon lui.

La veille, un pétrolier avait quitté la région de Tobrouk avec la première cargaison de pétrole sous contrôle rebelle depuis le début des frappes aériennes mi-mars.